Salamandre

Nous connaissons I.N.J. Culbard depuis ses Lovecraft, depuis son excellent Everything, nous le retrouvons ici avec ce très beau GN qui s’inspire de sa propre vie, de la perte de son père et de ses sentiments ambivalents sur l’Art. Toutefois, bien qu’il y a un aspect autobiographique dans ce volume, on est surtout touché par la façon qu’a Culbard de développer un imaginaire très adulte ou le jeune héros plonge dans un univers sombre et inquiétant aux relents totalitaire.

L’enfant, qui a l’habitude de s’inspirer des aventures de son père pour dessiner des BD, a désormais du mal à simplement se trouver des marques et d’autres exploits oniriques. Il va devoir dépasser ce quotidien oppressant ou tout peut être considéré comme illégal et donc interdit, voir castrateur. Néanmoins, ce cadre tendu sert progressivement de révélateur au jeune garçon qui apprend à mieux regarder ce qui l’entoure, à comprendre la fragilité de ceux qu’il rencontre et donc d’un peu moins se concentrer que sur lui-même.

C’est un très bel album, à la fois touchant dans les thématiques qu’il aborde, dans le ton et la subtilité de l’écriture, mais aussi dans le graphisme assez juste qui ne joue jamais la carte de l’emphase, de l’excès.

Magnifiquement édité, une nouvelle fois, par 404 Comics, on peut en apprécier la finition et ce soin porté aux détails (je continue de beaucoup aimer ces indications sur le papier, ces petites références "complices" qui installent une proximité assez savoureuse entre l’équipe éditoriale, l’objet et le lecteur !

Une belle surprise, vivement conseillée !

Par FredGri, le 8 mars 2023