Sale fric
Rich Junkin est un ancien joueur de football américain, suite à un malencontreux accident le voilà retiré du sport et obligé de jouer les vendeurs de bagnole. Évidemment, il n’est pas à sa place et foire deux affaires sur trois. Au bord du licenciement, son patron lui propose alors de devenir le garde du corps de sa fille, histoire de la protéger, certes, mais surtout de la surveiller.
En mettant les pieds dans les milieux select, Rich va devoir tout faire pour ne pas se laisser avoir par tout ce qui se présente, d’autant que tout ce petit monde a, la plupart du temps, les mains sales…
Par fredgri, le 1 mai 2011
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Scénariste :
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dessinateur :
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Éditeur :
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Genre s :
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Sortie :
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ISBN :
9782756025100
Notre avis sur Sale fric
Cet album s’adresse, avant tout à un lecteur amateur de polar, de série noire, de ces histoires pleines d’archétypes, mais qui savent distiller une ambiance à couper au couteau, des ombres, des morts, et un héros désabusé qui tente de se sortir d’une énième situation alambiquées !
Et Rich est de ce genre de personnage. Certes il ne s’agit pas d’un privé, mais très vite ça en prend la tournure. Azzarello connait très bien ses classiques, il nous sort ici un scénario qui peut presque paraitre comme une sorte de pot pourri de toutes ces sources célèbres. Il n’y a pratiquement aucune surprise, mais qu’importe, car tout réside, justement, dans cette alchimie qui s’installe entre le lecteur et cette tradition du polar noir. On peut certainement reprocher à Azzarello d’avoir sciemment voulu se cantonner aux grosses règles du genre, et de ne même pas avoir tenter d’y ajouter sa touche perso tant on est à chaque page dans du 100 % référence, l’effet est accentué par la présence de Victor Santos qui ajoute une touche à la fois retro très moderne à l’histoire (il y a même des scènes ou on pense tout de suite au travail de Cooke sur ses Parker, par exemple !).
Donc voilà, je suis, de mon côté, très fan de ces atmosphères, tout en reconnaissant qu’il y a quelque part un aspect assez rétrograde et nombriliste dans ces approches. Et avec Azzarello on est de plein fouet dans cette démarche, dans cet héritage. Alors qu’il a démontré dans des séries comme 100 Bullets qu’il pouvait aussi participer au renouveau du genre, il s’avère être un "suiveur" de talent quand c’est nécessaire.
De plus, ce qui est très bien, c’est qu’il s’agit ici d’un personnage très ambigüe, ce Rich (d’où le jeu de mot du titre en vo: Filthy Rich) n’a pas vraiment de principe, n’hésite pas à tuer si besoin et tente de surnager au dessus de cette mélasse, malgré les manipulations des uns et des autres, on croirait presque l’entendre murmurer "Ah vous voulez m’entuber, vous allez voir…". Un personnage tout à fait dans la continuité de ces privés amers et expéditifs très chers aux récits Hardboiled.
Résultat, on a ici un album qui se dévore d’une traite, sans reprendre son souffle, avec une écriture très précise, un régal ! Graphiquement, Santos est aussi une très bonne surprise. Son trait n’est pas ultra fignolé, mais je trouve que progressivement il gagne en puissance, avec notamment un travail sur les masses vraiment très intéressant.
Alors peut-être que tout cela manque d’une personnalité qu’on aurait pu davantage espérer d’Azzarello, malgré tout, amateurs de polar vous allez vous régaler !
Par FredGri, le 1 mai 2011
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