Sandman Mystery Theatre compendium
Volume 1
(Contient les Sandman Mystery Theatre 1 à 36 + Sandman Mystery Theatre Annual 1)
On est en 1938, Wesley Dodds est un riche philanthrope qui a hérité de l’énorme fortune de son père. Il doit sans cesse composer avec ceux qui espèrent le voir investir dans leurs projets. Mais voilà, en parallèle, Wesley a un secret, la nuit, il devient le justicier Sandman qui enquête sur les pires crimes du moment, ce qui l’amène rapidement à devoir croiser la route de la police et celle du juge Belmont, ainsi que de sa très belle fille Dian…
Par fredgri, le 7 janvier 2024
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Coloriste :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9781779521538
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Notre avis sur Sandman Mystery Theatre compendium #1 – Volume 1
Créé en 1993, alors que le label Vertigo de DC comics vient juste d’être lancé, Sandman Mystery Theatre propose de revenir sur le Sandman initialement créé en 1939 par Gardner Fox, avant qu’il n’endosse un costume de super héros sous la plume du duo Simon/Kirby, en 1942. On dit que la popularité de la série devrait beaucoup au succès du Sandman de Gaiman, néanmoins, dès qu’on se lance dans la lecture de cet imposant premier volume qui regroupe pas moins que les 36 premiers numéros, ainsi que l’Annual, on ne peut que tomber sous le charme de cet univers, de ces personnages, du couple formé par Wes et Dian…
Matt Wagner, rejoint par Steven T. Seagle dès la seconde année de la série, entreprend alors de renouer avec l’esprit pulp des débuts, ancré dans un esprit polar qui lui permet de développer des intrigues autour de meurtres crapuleux, de parler de l’époque et de réactualiser plus directement ce personnage dans une version plus adulte, plus profonde et moderne.
Le duo de scénaristes s’éloigne ainsi du cadre des simples histoires de gangsters, pour nous présenter un détective hanté par des visions oniriques (on distingue la silhouette de Morpheus avec son casque organique) qui lui annoncent les affaires dont il va ensuite devoir se charger. Très vite, on se rend compte que bien plus qu’un simple hobby pour un jeune héritier oisif, les missions de ce Sandman première version ont un caractère d’urgence pour Wes qui doit ainsi dompter les tensions qui naissent de ses nuits cauchemardesques, un peu à la façon d’un Nexus des années 30/40. Sans être pour autant une série fantastique, les enquêtes du Sandman gardent ce caractère assez étrange, presque impalpable qui plonge régulièrement le détective et plus tard de sa compagne Dian dans des intrigues complexes et tortueuses.
Car voilà bien là toute la qualité de cette remarquable série, ses scénarios réglés au millimètre au milieu desquels on suit la romance bouleversée des deux amoureux qui apprennent à mieux se connaître, à s’entraider au milieu de cette Amérique rongée par la violence, par la duplicité, par la haine et par le gouffre qui se creuse de plus en plus entre les classes.
Chaque arc est absolument passionnant à suivre. Une affaire différente à chaque fois, des cas troublants qui posent un regard sur la société du moment, avec des liens étroits qui se construisent sous nos yeux entre Wes, Dian, le juge Belmont, le lieutenant Burke qui ne voit pas d’un si bon œil l’ingérence de ce vigilante qui se joue de l’autorité de la police, le majordome Humphries qui prend soin de son maître, Wes, comme un fidèle Alfred…
On dévore ce premier tome (sur deux) avec avidité, curieux de découvrir la suite de ces aventures, sous le charme de ces personnages qui évoquent une époque révolue, loin du sautillement hystérique des super-héros. Ce Sandman, qui fera ensuite partie de la JSA (d’ailleurs, je vous recommande l’arc ou il croise le mystérieux Rex Tyler, aka Hourman, avec une savoureuse scène de bal masqué ou les deux héros arborent les costumes qu’ils porteront plus tard…), reste malgré tout très ancré dans son époque.
D’autant que les dessins de Guy Davis ajoutent une étrangeté assez agréable aux ambiances des scénarios.
Une série qui figure parmi les meilleurs de Vertigo. Et même si elle n’a pas su séduire les lecteurs français jusque là, on croise les doigts pour qu’un jour, un éditeur lui redonne sa chance.
Un must hautement recommandé.
Par FredGri, le 7 janvier 2024