Sans panique

Cela va faire quatre ans que Romie a perdu ses parents dans un crash d’hélicoptère dont elle a été la seule rescapée. Elle a été recueillie par une famille de l’île de Galguantes. 

Bizarrement, aucun habitant n’a pris la peine de la signaler aux autorités du continent. 

Il faut dire que la population de l’île est étrange. Tous semblent souffrir d’apathie aiguë. Ils ne montrent jamais la moindre émotion, comme si tout coulait sur eux. 

Pour Romie, fille au caractère bien trempé, la situation est déstabilisante. Au début, elle provoque souvent Danaé, qui a le même âge qu’elle, espérant la voir réagir. En vain. 

Romie finit par lui demander de lui apprendre à ne plus rien ressentir. Elle se dit que c’est le meilleur moyen de ne plus souffrir de la perte de ses parents. 

C’est alors qu’une terrible nouvelle leur parvient. Une météorite va bientôt s’écraser sur la Terre et tout laisse à penser que c’est l’île de Galguantes qui va être détruite. Mais les autorités n’arrivent pas à convaincre les habitants de partir. Comme toujours, ils sont atones, indifférents. 

Romie cherche un moyen de les faire réagir…

Par legoffe, le 11 février 2024

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Notre avis sur Sans panique

S’il est question de météorite dans cette histoire, le livre, lui, pourra plutôt être qualifié d’ovni ! Coline Hégron, lauréate du Prix Jeunes Talents 2021 à Angoulême, nous propose une aventure étrange, sur une île où les habitants ont un air qui dérange, le tout sous le règne de la couleur… orange.

Coline Hégron est donc partie le pinceau entre les dents et n’a pas été tétanisée par l’enjeu, celui de voir son premier grand projet publié, qui plus est chez Delcourt. Elle a même eu le droit à une préface de Jérémie Moreau, séduit – sans surprise – par le style de l’autrice, lui qui ne manque jamais d’audace.

Les mains de la dessinatrice, en tout cas, n’ont pas tremblé. Ses dessins, derrière leur apparente naïveté et leur côté enfantin, sont beaucoup travaillés. Les personnages ont des regards profonds, qui trahissent bien leurs émotions (ou l’absence d’émotion !). Ils sont parfois hypnotiques. L’ensemble est très graphique et cette couleur orange fluo, omniprésente, donne un caractère très atypique à l’ensemble (l’imprimeur a dû se faire un sang d’encre…).

Quant à l’histoire, elle est à l’unisson des dessins. La situation de Romie, au milieu de gens apathiques, donne un scénario faussement ingénu. Je dis « faussement » car, d’une part, la gamine a un caractère fort et agit avec une logique indéniable. D’autre part, l’autrice nous parle avec sincérité de la relation à l’autre, de la construction de la personnalité, de l’amitié… Certes, les messages de cette BD ne sont pas limpides, mais ils sont bien là, distillés à travers des émotions, bien présentes malgré la « maladie » dont souffrent les Galguantins.

Ce conte moderne ne laissera personne indifférent. C’est une expérience étonnante, bien racontée, qui montre déjà tout l’aplomb de Coline Hégron. Elle ne rentre pas dans le monde de la BD de façon inaperçue mais trace déjà sa ligne incandescente dans le ciel du 9e Art. 

Par Legoffe, le 11 février 2024

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