Sarrasins

L’histoire tourmentée du Sud de la France est propice aux récits épiques, aux légendes romantiques où les hommes, guerriers ou trouvères, cherchent leur place ou simplement tentent de survivre dans un maelstrom d’agitations politiques et de manœuvres fielleuses. Hazar est de ces hommes au destin troublé, recueilli enfant avec sa mère par les Sarrasins alors que leur village de Provence a été pillé et son père égorgé. Il a appris leur langue, leurs coutumes, il est devenu l’un d’eux, pillant les monastères, partageant équitablement le butin et trouvant le repos entre les cuisses parfumées de son épouse.
La destinée d’Hazar aurait pu être simple en ces temps troublés et agités de soubresauts en l’absence de réel pouvoir royal. Entre commerce et pillage, entre sa femme et son père adoptif son intégration est totale, il profite même de son physique de blond chrétien pour abuser les moines et faire pénétrer les guerriers de sa tribu dans les monastères par traitrise afin de s’emparer de leurs richesses.
Sur une base historique solide, parfaitement documentée et superbement mise en scène, Luca Blengino construit un récit où l’humain tente d’interférer dans une immense machine dont il devine à peine les tenants et les aboutissants. Malmené, broyé par un complot ou ses frères Mullawad se laissent entrainer, accusé de traitrise, Hazar se retrouve jeté sur les chemins.
Son existence, tout ce qu’il avait bâti se trouve balayé.
Luca Erbetta apporte juste ce qu’il faut pour rendre cette époque de frénésies, de batailles, de soleil et de sang. Son dessin expressif assure au récit une splendide mise en scène où alternent les séquences de bataille et les instants plus intimistes qui conditionnent les actions des différents protagonistes.

Sarrazins est un récit historique, épique, où le destin des hommes se perd dans le brouhaha qui précède la naissance des nations modernes.

Par Olivier, le 29 juillet 2013