SECRETS : CAVALE
Tome 2/3

L’intrigue établie autour du secret de famille concernant les Gréville se poursuit avec ce deuxième opus. Toujours sous la plume acérée duo constitué par Frank Giroud et Florent Germaine, ce tome vient comme il se doit apporter un complément d’informations à la révélation choc qui clôturait le précédent volet et qui éclairait la jeune Nadia sur les activités crapuleuses passées de ses parents.

Pour cela, les coscénaristes ont, en quelque sorte, scindé leur récit en deux parties. L’une est dédiée à l’histoire pour le moins atypique de Marilyn et à ses malversations d’antan (dont une partie est inspirée par l’évasion aérienne de 1981 à la maison d’Arrêt de Fleury-Mérogis). L’autre revient dans le présent de Nadia et s’attache à évoquer le ressenti de la jeune fille. Force est de constater que l’histoire de cette dernière et de ses parents prend une tournure beaucoup plus corsée (le secret est avoué) que ce que l’on pouvait pressentir antérieurement. Non seulement, le lecteur est en mesure de comprendre tout ou partie des faits qui se sont déroulés auparavant (l’intervention de la police sur une vieille affaire, la signification des cauchemars de Nadia…) mais également, il se voit le témoin direct de l’impact psychologique qu’ils ne manquent pas de produire sur celle-ci.

Dans les deux cas, les surprises vont bon train et permettent de suivre des péripéties, humainement caractérisées, à la passion débordante et aux ramifications insoupçonnées (le rebond de Nadia). Tout en instillant une petite pointe d’humour (la chasse contre les paparazzis) et élargissant le débat via les déboires de Léa, Frank Giroud et Florent Germaine jouent avec le caractère et les sentiments de la jeune héroïne, transformant habilement sa frustration de la première heure en une véritable complicité morale. Evidemment, tout ce chamboulement psychologique qui permet au personnage de surmonter certaines situations (avec les paparazzis, avec Bernie) ne clôture en rien le mystère des Gréville dont un pan reste encore à soulever (Montserrat et autre cachotterie de Marilyn).

Fort du travail réalisé tout au long de sa série Charly, Magda a su peaufiner ce trait qui la caractérise. Avec une authenticité délicieuse, sans effet débordant, cette dessinatrice nous offre une mise en image soignée, sensible, sans excès, légèrement épurée soutenu par une colorisation certes sobre mais un peu plus efficiente que dans le tome 1.

Une deuxième partie séduisante d’un secret familial contemporain qui vaut pour son potentiel psychologique et qui nous entraîne dans des retranchements encore insoupçonnés. Le dernier volet nous en donnera assurément toute la teneur.

Par Phibes, le 26 janvier 2014