Sector 5
Amalya, une splendide jeune femme qui vit de son activité de camgirl sur les réseaux sociaux, réside à Bucarest dans le fameux quartier Sector 5. Elle est l’objet de l’admiration de nombreux clients, qui dépensent régulièrement des sommes considérables pour passer un peu de temps virtuel avec elle… En parallèle, d’étranges meurtres commencent à faire la une des journaux. La première victime est un avocat dont le corps a été mutilé avec une extrême brutalité. L’inspecteur Ferentari, chargé de l’enquête et pratiquement désavoué par ses pairs, est intrigué. Il persiste et tente, alors que les corps s’accumulent, d’établir une connexion entre tous les cadavres. Il suppose que c’est lié aux camgirls dont ils étaient tous consommateurs… Petit à petit, il commence à remonter une première piste…
Par fredgri, le 15 février 2025
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Scénariste :
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dessinateur :
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Coloriste :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9782302090552
Notre avis sur Sector 5
Christophe Bec et Christian Pacurariu nous entraînent dans les rues de Bucarest, la nuit, peuplées d'ombres troublantes ou se faufilent les silhouettes de dealers, de prostituées et d'individus mystérieux cherchant à se laisser emporter dans les brumes opaques du souffre.
Une série d’homicides suscite la curiosité de la police et, via ces cadavres et l'enquête qui s'amorce, nous sommes entraînés dans un monde vicié, sur les pas d'un inspecteur désabusé, aigri et désenchanté qui est contraint de s'enfoncer davantage dans les arcanes d'un esprit criminel tel qu’il n’en a jamais vu jusque là.
Bec conduit habilement son histoire, en entrelaçant trois trames narratives simultanément. D'abord, c'est la routine de l'inspecteur Ferentari, le vide qui l'entoure et cette amertume qui suinte de tous ses pores. Il s'efforce de percer le mystère de cette histoire, mais c'est un homme désespéré face à ce qui l'entoure et aux gens avec qui il collabore. Ensuite, il y a la fascinante Amalya qui gagne bien sa vie en tant que camgirl. Elle apparaît à l'écran pour jouer son personnage devant ses clients, tandis qu'en coulisse, elle ne semble plus supporter ces hommes qui se caressent devant leur caméra en pensant à elle. Et pour finir, on a Peyo, un jeune homme mystérieux et ténébreux qui s'absente souvent pour voyager et qui, au fur et à mesure que l'on progresse dans l'album, se révèle être un assassin hanté.
Ces trois scénarios tissent une intrigue captivante qui nous dévoile un aspect particulier de la nuit à Bucarest. Le scénariste ne nous épargne rien, mais en retour, il dose particulièrement bien ses éléments, nous proposant un polar désenchanté qui nous donne des frissons. On se penche sur ce policier grincheux et les deux agents qui l'épaulent, cette jeune femme qui expose son corps devant son objectif, on s'interroge en observant le troisième dans ses gestes quotidiens, esquivant les avances de sa collègue Simona.
Toutefois, Bec injecte une cadence plutôt calme à son histoire, lui offrant l'opportunité de dépeindre la ville ou même d'expliquer le fonctionnement de ce marché des camgirls, avec ses studios, les pourcentages à reverser et ses règles. Si l'on demeure dans un récit de pure fiction minutieusement construit, on s'immerge également dans la représentation d'un univers obscur, totalement étranger au nôtre. Tout est accentué par le travail graphique de Pacurariu qui présente ici des planches magnifiques, très contrastées, créant un monde intransigeant, à la fois fascinant et inquiétant.
Un album que l’on ne lâche plus une fois la première page entamée.
Vivement recommandé.
Par FredGri, le 15 février 2025
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