Senso
Bloqué par son train, Germano arrive à son hôtel avec six heures de retard. Il découvre alors que sa chambre n’est plus disponible, mais surtout qu’il s’est trompé d’une semaine pour assister au vernissage de l’expo de sa fille. Désemparé, il croise alors son ami Vito, le propriétaire de l’hôtel, qui l’invite à son mariage. Toutefois, ces rires, ces gens qui font la fête, ne lui conviennent pas, il s’éloigne dans le magnifique parc qui entoure les lieux, non loin d’un petit lac. Il est ensuite rejoint par Elena, elle aussi se demande bien ce qu’elle fait ici. Vito est son ex, mais elle regrette d’être venue ! Le parc est vaste et envoûtant, ils se baladent, se découvrent et laissent de côté toute cette histoire. Il fait nuit, très doux et le ciel étoilé est magnifique !
Par fredgri, le 8 octobre 2019
Notre avis sur Senso
Deux ans après Capitaine Fripouille, Alfred revient sur les ambiances intimistes et confidentes avec lesquelles il nous avait séduit dans Come Prima en 2013 et nous invite à le suivre dans une inoubliable errance nocturne pleine de remises en question et de rencontres, dans les pas d’un anti-héros du quotidien qui traverse une grosse période de remises en question.
L’artiste pose un cadre assez tendu au début, les déboires de Germano, son désœuvrement, une situation qui semble lui échapper, qui l’inquiète… Il perd pied, ne sait pas vraiment comment se ressaisir… Mais l’angoisse du début s’étiole progressivement, nous plongeons petit à petit dans une ballade lente et digressive, une douce épiphanie où les personnages se redéfinissent, figés dans ce lieu intemporel ou tout semble s’arrêter.
Alfred s’attarde sur les gestes, les regards ou les ambiances, il suggère des silhouettes qui se faufilent entre les arbres, le vent dans les feuilles, le silence…
Entre les plans fixes, il glisse trois petites séquences épurées et muettes, montrant un couple qui s’ébat dans l’intimité d’une chambre. Une très belle parenthèse illuminée qui insiste sur la sensualité d’une caresse, de ces corps qui se touchent, se frôlent, se tendent l’un vers l’autre, le plaisir de se laisser prendre par la main sans véritablement savoir où l’instant va nous emmener.
Fidèle aux héros miroir de l’artiste, Germano avance sans se cacher, avec ses imperfections, ses doutes et sa fragilité. Il s’interroge et n’hésite pas à se reconstruire, aidé en cela par l’énergie d’Elena, son rire et cet hédonisme communicatif et bienveillant, comme le regard innocent de cet enfant qui l’observe, le sourire aux lèvres, caché, intrigué par cet inconnu meurtri…
Un magnifique album intimiste qui démontre une nouvelle fois la profondeur du regard d’Alfred, et cette émotion qui transparaît dans les silences de cette sublime nuit blanche…
Ne passez pas à côté de ce très gros coup de cœur de fin d’année !
Par FredGri, le 8 octobre 2019