SERVAIS - L' INTÉGRALE
La tchalette

La forêt ardennaise profonde est un vivier incroyable de légendes, plus fantastiques les unes que les autres. Fort de cette connaissance qui l’inspire grandement, Jean-Claude Servais met un point d’honneur à la perpétuer à sa manière. Aussi, pas moins de neuf nouvelles viennent conforter l’ambiance à la fois sensationnelle et maléfique de cette région qui, avant tout, est celle d’une communauté rurale ancrée dans des croyances ancestrales.

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur SERVAIS – L’ INTÉGRALE #6 – La tchalette

C’est en 1982 que "La tchalette" et autres récits ont été publiés la première fois aux éditions du Lombard après avoir fait l’objet d’une prépublication dans le journal Tintin. Aujourd’hui, l’éditeur Dupuis, poursuit son tour d’horizon des productions anciennes de Jean-Claude Servais en publiant dans un format avantageux et luxueux cette œuvre bien spécifique. En effet, comportant plusieurs petits récits, elle vient titiller notre curiosité et notre crédulité en exposant quelques histoires légendaires issues du plus profond de la région de l’Ardenne.

Si les nouvelles évoquées sont, "sorcièrement" parlant, bien orientées, on pourra regretter leur traitement trop rapide à mon goût. Une étude plus en profondeur des nombreux personnages aurait été bénéfique pour donner plus de consistance aux récits. Par exemple, la tchalette, tout comme le sorcier aux loups, auraient pu dévoiler moins brutalement leur secret. Malgré tout, il est des plus agréables de faire la connaissance de ces multiples récits fantastiques qui courent dans les frondaisons ardennaises et c’est avec un plaisir non dissimulé que l’on frissonne à la découverte de certaines vérités (réelles ou irréelles, magiques ou terrifiantes, c’est le lecteur qui fera la part des choses).

Si l’ambiance générale est relativement auréolée de magie noire ou autre diablerie, il est une histoire qui se détache du lot par son humour croustillant et qui pourrait être assimilée à une fable. Il s’agit de l’histoire du curé qui se fait voler son vin millésimé (un bourgogne 1901 pensez donc !).

En guise de préface au travail de Jean-Claude Servais, un texte intitulé "Les héritiers de Kunkunrunkun" réalisé par le poète romancier belge Guy Denis est intégré à l’ouvrage et vient conforter, dans un verbe étudié, la thématique fantastique du recueil.

Sans contestation possible, le graphisme est accrocheur malgré un certain côté classique. Inspiré de prises de vue de cette région qu’il apprécie tant, l’auteur fait courir sa plume avec dextérité qui ne peut que présager la carrière que l’on lui connaît aujourd’hui. Ne plaignant nullement ces nombreux coups de crayons qui donnent le relief nécessaire, il expose dans des débordements judicieux, un travail authentique exemplaire.

Au pays de la magie ou de la sorcellerie, le mystère prend forme sous les traits avertis d’un Jean-Claude Servais bien envoûteur. Un très bon moment de lecture !
 

Par Phibes, le 3 avril 2009

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