Shamisen

Tous deux originaires du Brésil, Guilherme Petreca et Tiago Minamisawa rendent ici hommage à Haru Kobayashi, une célèbre musicienne aveugle qui a pratiqué, depuis son plus jeune âge, l’art du Shamisen, en parcourant la campagne japonaise du XXème siècle. Quoique assez tardivement, elle a été célébrée de son vivant comme l’un des trésors nationaux du Japon, Haru nous est ici présentée comme une voyageuse qui traverse le pays, à la recherche de son équilibre, par le prisme de la pureté de ses propres mélodies qui transcendent tout ce qu’elle approche, tel Orphée qui séduisait la nature elle même du son de sa harpe, elle fait reculer la Mort et fait danser les divinités.

Le but de cet album n’est à l’évidence pas de nous proposer une biographie précise et pleine d’anecdotes, mais bel et bien de nous plonger dans les ambiances contemplatives de cette musique, du messages que délivre lentement et doucement Haru qui évoque la liberté de l’artiste, la beauté de l’Art et la puissance du patrimoine folklorique. Elle se questionne sur son existence, la perception de ce monde qu’elle ne voit pas, qu’elle ne peut qu’à peine toucher. Elle chante, transmet sa musique qui la transporte, qui l’aide à se construire et nous entraîne dans le périple d’une vie chargée d’enseignements, la nécessité de vivre l’instant.

L’écriture est bien évidemment d’une très grande finesse, toute consacrée à la subtilité de l’histoire, des errances de la musicienne. On ne s’apitoie jamais sur sa cécité, sur cette solitude qui sera son quotidien pendant de nombreuses années. Tout est dans la nuance, dans le geste et le souffle qui parcoure chaque page. Tout est transfiguré par le dessin minimaliste et d’une très grande beauté. Un bel hommage, vibrant d’émotion.

Un album qui s’adresse à tous ceux qui apprécient les ambiances calmes et posées des contes asiatiques.

Très vivement conseillé.

Par FredGri, le 17 avril 2023