SHANGHAI
L'enfant de la pluie

Shanghai est la toute dernière série concoctée par le sympathique Mathieu Mariolle qui, en ce mois de septembre et grâce à Drugstore, reste dans l’actualité éditoriale après la finalisation de son diptyque Smoke City aux éditions Delcourt.

Cette fois-ci, c’est l’Histoire de la Chine de fin du 19ème, début 20ème, et plus particulièrement l’époque où régnait l’impératrice Cixi qui inspire le scénariste. Ce premier tome est le prétexte idéal pour dévoiler la fragilité contextuelle de ce grand pays en pleine décadence, tiraillé de l’intérieur par des triades mafieuses, par une présence étrangère intéressée et par un potentat défaillant. La description qui en est faite est copieuse et judicieusement disséminée dans les 53 planches via des évènements ou des dialogues mûrement travaillés.

A ce contexte historique, Mathieu Marriole y associe son intrigue, très mystérieuse, portée essentiellement par deux jeunes femmes asiatiques de tempérament. L’une est une guerrière à la solde d’une triade, l’autre une acrobate idéaliste. Leur destinée va les conduire à se croiser fortuitement à la faveur d’une mission pour l’une, d’une quête pour l’autre.

Le mixage entre Histoire et fiction est très prenant et génère une aventure orientale en perpétuel mouvement pleine de surprises. Considérant les orientations du récit, on perçoit que l’extraordinaire va trouver sa place par le biais d’une technologie innovante et qui reste encore à définir.

Yann Tisseron n’a aucune peine à attirer le regard de par la beauté de son graphisme. Illustrateur patenté à ses premières heures pour des couvertures d’ouvrages, il vient ici prouver qu’il peut également travailler dans le long terme. Ses dessins réalistes, à la fois pleins de douceurs et de violence, en sont la preuve formelle. Très habile dans le choix des couleurs et les ombres qui démontre l’étendue de sa palette, il réalise un travail appliqué, représentatif des ambiances chinoises et d’une beauté confondante. Perspectives et mouvements, complétés par une touche de grâce féminine subtilement maîtrisée, octroie une qualité indubitable à cet album.

Un album dépaysant superbement réalisé pour une trilogie à suivre !

Par Phibes, le 2 août 2010