Sheol

En pleine consultation, une jeune femme confie à son thérapeute ses problèmes de santé. Mais le médecin a tôt fait d’analyser l’état de déséquilibre mental de sa patiente qui la contraint à ne plus faire la différence entre son imagination et la réalité. De fait, une chose importe au praticien, c’est que la jeune femme prenne ses médicaments. Mais malgré ses troubles, parviendra-t-elle à discerner ce dont elle est à l’origine et pour ce faire, sera-t-elle prête à voir les choses en face ?

 

Par phibes, le 28 mai 2010

Publicité

Notre avis sur Sheol

Les éditions Delcourt mettent à l’honneur un manhwa qui, de par son ambiance oppressante et ses tournures inattendues, prend réellement sa place en la collection Mirages. En effet, utilisant pour titre le terme hébraïque signifiant "le séjour des morts", ce one-shot englue le lecteur dans un univers noir, fait de folie et d’entretiens surprenants. En effet, c’est au travers de l’évocation des névroses d’une malade et des diagnostics révélateurs d’un psychiatre angoissant, que l’on va remonter à l’origine d’un fait terrible.

Si le jeune auteur coréen Dogado sait où il va, il n’en est pas de même pour le lecteur qui rentre dans un contexte fantastique torturé, au sein duquel les personnages tiennent un rôle certes sombre, pesant, à mi-chemin entre réalité et fiction, entre la vie et la mort, mais qui soulève bon nombre de questions (qui malheureusement n’obtiennent pas toutes une réponse). Ce n’est que très progressivement, que l’on assimile le désordre psychologique de la jeune femme malade, s’accompagnant de visions cauchemardesques et ensanglantées. Il est certain que cet état anormal suscite le doute, l’angoisse qui finiront par être levés dans un final implacable et très rapide.

Au niveau graphique, la performance de Dogado est extraordinaire voire surprenante. A regarder le premier de couverture et malgré l’énucléation du poisson (un indice qui met pourtant la puce à l’oreille), on s’attend à nager dans un récit plein de douceur. Mais, le Sheol, pour l’artiste, n’est pas comme ça. Synonyme de mort, cet univers médian devient lugubre, fantomatique, stressant… Aussi, son dessin se transforme à l’image de la thématique, sombre et implacable. Il y a de la beauté malgré l’horreur distillée. Les personnages (la jeune femme malade en particulier) ont quelque chose de sensuel, d’émouvant mais aussi d’effrayant. Les gros plans sont pléthores (les yeux sont magnifiques) et traduisent des expressions tout en sensibilité et en questionnement.

Un récit complet surprenant, ensorcelant et rapide (trop?) qui pousse jusqu’à la porte du royaume des morts. Pour frissonner de plaisir !

 

Par Phibes, le 28 mai 2010

Publicité