Sibylline, chroniques d'une escort girl

Tout commence lorsque Raphaëlle, une jeune fille de 19 ans, quitte le cocon familial pour s’installer à Paris et suivre ses études d’architecte.
Elle découvre le rythme effréné des études supérieures, son premier job, les nuits trop courtes et la profusion de rencontres, mais aussi la précarité étudiante et la recherche d’indépendance.
Au fil des découvertes qu’elle fait sur le net, il y a Paul, un homme d’âge mûr, qui lui propose 100 euros pour une rencontre.
Pour être autonome et subvenir à ses besoins, elle choisit d’y aller, de revêtir l’identité de Sibylline. Le premier rendez-vous d’une longue liste. Une aubaine d’une certaine manière pour Raphaëlle, qui , contre de l’argent, se faufile désormais dans les hôtels pour y passer la nuit avec des inconnus.
Une certaine facilité du début, qui convainc également Leïla sa meilleure amie.

Par maude, le 24 février 2025

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Notre avis sur Sibylline, chroniques d’une escort girl

Ce récit est le fruit de multiples témoignages reçus par l'auteure d'escort girls ou de sugar babies. Bien loin de Sibylline, née dans les pages de Spirou, celle-ci traite d'un sujet plus tabou qu'est l'escorting et la prostitution. L'auteure aborde un sujet difficile avec une inouïe douceur et délicatesse.

Contrairement à ce à quoi on pourrait s'attendre au premier abord, cette BD n'est pas caricaturale et ne dépeint pas exclusivement une sombre histoire de prostitution.

La féminité,  le patriarcat, le capitalisme ou encore les répercussions de ce melting pot sur les femmes sont finement abordés. L'emprise du masculin toxique et manipulateur est subtilement représenté, tout comme le fait qu'il est possible d'acheter le plaisir plutôt que de le partager.

Elle expose aussi avec beaucoup de sagacité ces relations de force passant souvent inaperçues ou trop souvent gardées secrètes. Heureusement, d'autres figures masculines dans l'histoire viennent contrebalancer et apporter de l'espoir, par des personnages doux, attentionnés et protecteurs.

Malgré ce sujet sombre, plusieurs points apportent de la lumière, telle que l'assurance prise par Raphaëlle ou encore cette formidable histoire d'amitié, de solidarité, présentée toujours avec justesse et tendresse lorsque les rêves de ces deux jeunes filles se heurtent à la dure réalité.

Les propos de Solann sur la préface amorcent parfaitement les choses, à chacun s'y retrouver, comme si elle parvenait à mettre des mots sur nos réflexions.

Les pages dédiées à l'enfance/l'adolescence de Raphaëlle , rappellent l'importance de cette période, ce passage décisif de l'enfance à l'âge adulte. C'est un roman contemporain, actuel, qui ouvre à diverses réflexions et bouscule même certaines certitudes. Elle aborde la complexité de ces relations, lorsque la femme tend à son indépendance et cherche à assumer ses choix.

J'ai vécu cette lecture comme destinée à chacune d'entre nous, sur l'appropriation de notre corps, sa découverte, notre sexualité et l'écoute de soi. Cela permet de se sentir moins seule face à nos doutes et à nos questionnements. Le terme «Sibylline» qui évoque quelque-chose de mystérieux, d'obscur et d'énigmatique est parfaitement choisi !

Le format est généreux et qualitatif, 264 pages qui ravissent notre curiosité et nos pupilles!

Le noir et blanc de l'encre de chine et du fusain retranscrit à merveille la lumière, tout en apportant un graphisme rare et unique, avec beaucoup de talent. Un premier roman graphique très prometteur !

Par Maude, le 24 février 2025

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