Silencieuse(s)

Elles s’appellent Anaïs, Mahé, Zoé, Julie, Agathe, Marion ou Solène, elles sont jeunes, ne demandent rien d’autre que profiter de la vie, tranquillement. Mais le port d’une jupe, d’un pantalon un peu trop serré, devient tout de suite une porte ouverte aux sifflements dans la rue, aux remarques désobligeantes de ceux qui estiment que tout leur est dorénavant permis… Alors, elles commencent à regarder discrètement par dessus leur épaule, à faire des détours pour ne pas passer devant un bar mal famé ou regretter de s’habiller comme elles veulent, tout simplement… Et au milieu de l’indifférence générale, de cette passivité résignée, il leur faut se taire… Jusqu’au moment ou l’une d’elles décide de créer un blog et de parler, de témoigner…

Par fredgri, le 1 août 2017

Notre avis sur Silencieuse(s)

Le principe de ce très bel album n’est pas de développer une unique intrigue autour d’un drame, de l’observer cliniquement… Non, il s’agit ici bien plus de suivre un groupe de jeunes femmes qui subit à un moment donné une sorte de harcèlement, qu’il se présente sous la forme d’une bagnole qui s’arrête, de son chauffeur qui propose d’accompagner une inconnue avant de glisser dans le scabreux… D’un jeune homme qui commence par glisser une main sur un genou, dans un bus, avant de suivre la jeune femme en insistant pour avoir un numéro de tel…

Alors on peut s’imaginer, en tournant la tête autour de soi, que tout cela n’est pas "si fréquent" que ça, finalement, toutefois il faut comprendre que c’est beaucoup plus une réalité qu’on ne le pense, que ces "victimes" gardent la plupart du temps le silence, n’en parlant qu’à peine à leurs proches.
Car, contrairement à ce qu’on pourrait penser, les gens ne sont pas si ouverts d’esprit que cela. Il en reste encore beaucoup qui estiment qu’une mini jupe c’est un appel à l’acte, par exemple !

Dans cet album, Salomé Joly et Sybilline Meynet ne se lancent pas dans un pesant plaidoyer plein d’amalgames. Il ne s’agit pas ici de dresser un portrait féministe agressif, mais bel et bien de prendre conscience que ce genre de scène s’inscrit dans un ensemble de gestes quotidiens, au détour d’une rencontre inopportune dans un bus, à la terrasse d’un café qui n’ont rien de fondamentalement exceptionnel et que cela peut arriver à toutes celles qui auraient le malheur de croiser la route d’un imbécile sans scrupule.
Il n’est pas non plus question de passage à l’acte, d’agressions sexuelles, "juste" d’un sifflement, d’une phrase désobligeante qui rendent la moindre balade en ville difficile et pénible.

Alors pour ceux qui veulent relativiser, qui se disent que quand même parfois "elles" font un peu exprès, je conseille cette lecture édifiante qui met adroitement les points sur les I !

Par FredGri, le 1 août 2017

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