Silver surfer, Parabole
(Silver Surfer: Parable 1 et 2)
Quelques part dans un futur proche. Descendant des étoiles un engin spatial arrive sur Terre pour s’ouvrir sur Galactus. Mais cette fois, il s’érige en tant que nouveau dieu en exhortant la population humaine de laisser libre court à toutes ses envies. pendant ce temps là le faux prophète Colton en profite pour lancer une nouvelle religion tournée autour de Galactus. L’humanité se précipite alors dans une sorte de folie libératrice. Un seul être décide de se mettre au travers de ce qui se passe, le Silver Surfer lui même, mais les hommes ne sont pas prêt à l’écouter… La situation dégénère progressivement…
Par fredgri, le 1 avril 2014
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Scénariste :
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dessinateur :
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Coloriste :
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Éditeur :
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Genre s :
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Sortie :
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ISBN :
9782809440225
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Notre avis sur Silver surfer, Parabole
Sortis initialement en 88 ces deux épisodes de Silver Surfer voyaient l’occasion pour Moebius de travailler avec Stan Lee, nous offrant alors une vision européanisée du héros d’argent qui allait marquer les mémoires !
Pour l’occasion, Stan Lee propose un récit assez court qui s’éloigne du Marvelverse classique, une sorte de version dépouillée de toute forme de super-héroïsme et qui prend la forme, comme le titre l’indique clairement, d’une parabole. Une histoire somme toute assez simple qui véhicule une morale que l’on identifie dès le début, sans détour. Le Surfer retrouvant son rôle de témoin d’un monde, d’une humanité qui ne réfléchit pas, en perte de repère, qui se laisse mener par le bout du nez par ses instincts, par cette peur qui l’éloigne de la raison, quitte à accumuler les amalgames… Ainsi le scénariste met l’accent sur cette bêtise humaine teintée d’intolérance, sur l’endoctrinement inconditionnel qui peut remuer les foules, aveuglées par leur impulsivité, par cette foi insensée qui leur fait oublier toute forme de réflexion, tout recul nécessaire !
Bien sur on voit venir Stan Lee avec ses gros sabots dès le départ, c’est très verbeux, malgré tout c’est intéressant car le graphisme de Moebius, en rupture complète avec ce qu’on a l’habitude de voir sur le personnage, rajoute une ambiance presque irréelle complètement en phase avec le récit. Le Surfer devenant une sorte de figure messianique tourmentée, presque inexpressive, tant dans sa colère que dans sa tristesse (la aussi aux antipodes des canons Buscemiens). Le héros veut d’abord passer un message aux hommes qui le rejettent, puis il tente de raisonner Galactus et finalement se rendant compte que la situation peut vite continuer de dégénérer, que les hommes n’apprendront jamais la leçon la plus importante, celle de la réflexion, il décide de s’exiler, préférant garder intact ses propres convictions, même si cela signifie qu’il doive s’exiler…
On reste donc dans les thématiques habituelles que Lee avait imposées sur le personnage dès le début.
Il y a un petit côté assez convenu, même si je trouve que Lee tient ici un propos anticlérical très prononcé avec une morale qui défend la force de l’esprit, de l’âme plutôt que l’obéissance asservie par la foi. En quelque sorte, la foi en l’individu, en cette essence bien plus riche que nous possédons chacun au fond de nous peut amener même les exclus à surmonter les épreuves les plus impressionnantes…
En conclusion, le constat qui clôt le récit est assez sombre et presque desillusionné, car il n’y a pas forcément d’espoir dans cette humanité qui est prête à suivre le moindre messie, à plonger dans le vide à sa suite, que l’esprit de groupe aura toujours plus de force que l’individu, toutefois Lee met aussi avant la nécessité de se battre pour la liberté de penser, d’aller jusqu’au bout de ses convictions ! Le discours manque de subtilité dans la forme (ce qui est aussi le propre d’une parabole, d’ailleurs !) mais il reste bel et bien d’actualité, surtout en ce moment !
Mais bien au delà du scénario c’est le graphisme de Moebius qui demeure le véritable bijou de cette histoire, nous offrant régulièrement des cases et des pages absolument sublimes ! On se rapproche ici davantage de son style Incal, parfois épuré, parfois plein de matières, c’est vraiment du très très bon boulot, une très intelligente passerelle entre BD franco Belge et comics !
Un must absolu !
Par FredGri, le 1 avril 2014
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