Sin City (NE)
Sombres adieux

Marv sort de prison, il a un passif chargé de violence, d’alcool, de mauvais plans. Une nuit il rencontre Goldie, une femme qui allume tout de suite en lui des sentiments qu’il croyait définitivement perdus. Mais au petit matin, son corps inanimé se tient à ses côtés, un mystérieux assassin est venu en silence tuer la jeune femme pendant la nuit, alors qu’il dormait. Marv décide donc de venger celle qui fut, l’espace d’une nuit, l’étincelle qui pouvait rallumer en lui sa part d’humanité…

Par fredgri, le 9 octobre 2023

Notre avis sur Sin City (NE) #1 – Sombres adieux

Les éditions Rackham ont décidé, l’année dernière de ne plus exploiter les titres de Frank Miller, que ce soit la série Sin City ou 300. Les éditions Huginn & Muninn ont donc racheté tout le catalogue et propose ainsi, en cette rentrée de septembre des versions retraduites et dirons-nous « remasterisées », avec deux versions, l’une classique, l’autre en plus grand format.

Mais revenons un peu en arrière. Avec Sin City, Frank Miller signait alors le retour d’un genre, un hommage à une époque, avec ces flics véreux, ces brutes aux cœur tendre, ces atmosphères qui se coupent au couteau, magnifiques et vibrantes ! Il accentuait le tout en contrastant extrêmement son dessin, se cantonnant à un très beau noir et blanc qui va en s’épurant d’une part, mais aussi en devenant plus vif. Miller redéfinissait ainsi son propre style graphique, jouant habilement avec les ombres, les blancs qui se découpent sur les noirs, le tout orchestré par une mise en scène presque théâtrale, qui s’appuie sur les codes du genre, sur une sorte de dramaturgie du geste, de la pause, des répliques qui cinglent, sans pitié…

A ce moment de sa carrière, le début des années 90, Miller avait juré de ne plus refaire de comics. A peine avait il fini son superbe « Elektra lives again » qu’il se retirait… Pour revenir, malgré tout, en force dans les pages de Dark Horse present, intégrant ainsi la jeune collection « Legend » aux côtés de Mignola, Byrne, Art Adams. Pour notre plus grand plaisir d’ailleurs !
Sin City c’est donc le retour d’un créateur en pleine forme, qui se redéfinissait complètement. Miller a révolutionné « Daredevil », il a redéfinit Batman au travers des exceptionnels « Batman Year one » et « Dark Knight return ». Quand il débute Sin City, il n’était pas encore celui qui allait défrayer la chronique avec ses discours réac, même si les signes montraient bien une volonté de virer vers quelque chose de plus extrémiste.
Mais qu’importe, car avant tout dans Sin City, Miller s’impose comme l’héritier moderne d’une tradition qui remonte aux polars hard-boiled des années 40/50. Ces silhouettes qui se dessinent en ombres chinoises contre le store d’un bureau miteux, une ruelle crasseuse ou résonnent les coups d’un passage à tabac… Sin City c’est lourd, sanguinolent, c’est violent et sans concession, mais c’est surtout exagéré, à un tel point que c’en est fascinant !

Cette série commence donc comme une vraie plongée en enfer, un homme qui vient de perdre la seule femme qui l’avait aimé, se lance dans une longue course vengeresse ou les corps volent, ou sa propre résistance semble sans limite, il n’a plus rien à perdre et donc il n’hésite plus.

Le discours de Miller manque sérieusement de subtilité, c’est vrai, d’autant que la trame du récit est des plus basiques, mais ça n’est pas le propos, on est en pleine envolée graphique, un noir et blanc pur, magnifique, des personnages très forts, très marqués et une narration parfaite.

Sin City, c’est une lecture physique, sans second souffle, une bouffée chaude, amère, impressionnante d’un bout à l’autre !

Vivement conseillé.

Par FredGri, le 9 octobre 2023

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