Sin Titulo

Venu visiter son grand père Alex apprend que ce dernier est mort ! Il récupère ses effets personnels et découvre ainsi une photo du défunt accompagné par une mystérieuse jeune femme blonde, tout les deux sourient et Alex est étonné. Il décide d’en savoir un peu plus et commence à enquêter sur la femme mais aussi sur un étrange aide soignant pervers et violent qui semble en savoir beaucoup de son côté. Petit à petit, le jeune homme entre dans une histoire qui le dépasse. Il suit l’aide soignant et arrive dans une sorte de club privé ou les gens parlent au téléphone face à un écran… De plus les rêves qui le hantent depuis quelques nuits commencent à tourner à l’obsession aussi, il voit une plage, un arbre mort et une silhouette assise dans le sable…
Le voyage d’Alex ne vient que de débuter, tandis que sa vie autour de lui s’écroule, morceau après morceau…

Par fredgri, le 12 février 2014

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Notre avis sur Sin Titulo

"Sin Titulo" commence comme un polar assez classique. Un jeune homme découvre que son grand père qu’il voyait de moins en moins, avec qui il n’avait plus vraiment d’affinité, avait une vie qu’il ne connaissait pas… Il y a cette photo avec cette jeune femme qui l’intrigue, il décide d’en savoir plus, ne se doutant pas un instant de la complexité de l’histoire dans laquelle il met les pieds. Et il est loin d’être au bout de ses surprises.

Progressivement, le récit se corse, Cameron Stewart multiplie les fausses pistes, mélange la réalité et le rêve, il plonge son héros dans une sorte d’entre deux mondes sans forcément donner tout de suite les outils nécessaires pour complètement appréhender le récit. Toutefois, on comprend très vite aussi que justement l’essentiel va demeurer dans l’immersion du lecteur, dans cette acceptation du récit pour ce qu’il est, pour son ambiance et cette énergie mystérieuse qui nous prend dès les premières pages ! Petit à petit les nouveaux éléments surviennent tandis que d’autres s’éclipsent, la vie d’Alex, son quotidien, son boulot, ses collègues, sa famille, tout ces éléments prennent leur place au fur et à mesure, tantôt digressant, prenant le visage d’un souvenirs, d’un trauma, d’un songe alors que le jeune homme se tient inconscient dans la réalité. Mais le plus fort c’est qu’on finit pas rapidement accepter l’étrangeté de cette histoire, on se laisse emporter, recollant ce qui possible de l’être sans forcément s’attarder sur les bizarreries qui se présentent au fil de ces 160 pages.

Alors oui c’est en quelque sorte assez hermétique dans les angles, "Sin Titulo" est un album qui se "mérite". Malgré tout, Stewart donne les éléments qu’il faut et même s’il faut attendre la fin pour avoir un semblant de sens, une cohésion d’ensemble il n’empêche que c’en est troublant ! Car assez paradoxalement on est complètement happé par ce récit presque hypnotique qui nous déstabilise, qui nous oblige à prendre une part active dans notre lecture…
Toujours est-il que j’ai réellement compris l’incroyable fascination qui a envouté les nombreux lecteurs qui ont découvert cette histoire dans sa première version sur le web (ce qui a d’ailleurs valu à Stewart de remporter le prestigieux Eisner Award 2010 du meilleur webcomics ainsi que le Joe Shuster Award 2009 du meilleur créateur, de la meilleure équipe créative de webcomics !!!)… On commence et on ne lâche plus jusqu’à la dernière page.

Stewart écrit donc un scénario très précis, tout en glissant régulièrement vers des atmosphères surréalistes qui font penser à Lynch notamment !
Mais ce qui est particulièrement marquant aussi c’est sa virtuosité graphique. Il s’impose un gaufrier très serré, 8 cases par page, format à l’italienne, et une seule couleur sépia pour jouer sur les demi teintes. Le tout rythmé par une mise en scène extrêmement maîtrisée et un sens des dialogues, sans enphase, sans effets trop pompeux.
C’est du très très grand art !

Je reconnais que "Sin Titulo" n’est pas d’un accés facile, mais il mérite largement de persévérer et de se laisser séduire !

Un album qui ne vous laissera pas indifférents !

Par FredGri, le 12 février 2014

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