SINBAD
Le cratère d'Alexandrie

Le génie qui lui a permis de devenir Khalife fait une bien sombre prophétie à Al-A-Din, lui prédisant qu’il finira tué par un de ses fils. Pris de panique, Al-A-Din ordonne l’exil de tous les garçons des femmes de son harem, mais le génie poussé par un élan sadique, ou par la volonté de protégé l’homme qui l’a délivré de la lampe, fait tuer femmes et enfants. Seul un petit berceau contenant un enfant dérive loin du palais empourpré de sang.
Des années plus tard, Sinbad, collectionneur d’objets magiques, arnaqueur et habile à l’épée, quitte son père adoptif.
Il veut découvrir son passé, et pour cela, cet amateur de magie sait ce qu’il lui faut : du vin de Delphes et le cratère d’Alexandrie, qui ensemble lui permettront de visionner son passé.
C’est la quête du cratère, objet précieux, qui va l’emmener sur l’île de la dangereuse et sadique magicienne Turabah.

Par VincentB, le 1 janvier 2001

Notre avis sur SINBAD #1 – Le cratère d’Alexandrie

SinBad, la nouvelle série du productif scénariste Arleston, fait ici l’objet d’un tirage limité édité par Canal BD.
La série était initialement destinée à Aouamrie, qui a finalement abandonné le projet pour La Quête de l’oiseau du temps, et c’est Pierre Alary qui s’est fait remarquer sur Belladone, qui en hérite après avoir refusé un Légende de Troy.

Ce tirage, limité à 1200 exemplaires, est édité par le réseau de libraire Canal BD. Vu le rapport qualité/prix que ce genre d’ouvrage présente, on ne peut que regretter que l’initiative soit si ponctuelle !
En plus d’avoir une couverture différente à celle de la version normale, et, à mon goût, plus réussie, l’ouvrage offre huit pages de bonus présentant l’évolution d’une planche, du scénario d’Arleston et Alwett (son coo-scénariste sur la série, comme Arleston en prend de plus en plus souvent) jusqu’à la colorisation.
Le tout est agrémenté de quelques commentaires d’Alary et d’Arleston qui présentent leur travail, et se finit sur une présentation des différents projets de couvertures.
De plus l’ouvrage ne manque pas d’une certaine élégance avec ses pages de gardes striés et son dos toilé.

Avec SinBad, Arleston accompagné au scénario par Alwett, explore les contes orientaux pour offrir un récit jouant avec leurs règles, mélangeant histoires du style Les Milles et unes nuits et les mythes.
Le dépaysement est donc assuré, à ceci près qu’Arleston utilise encore et toujours les mêmes procédés scénaristiques, ceux qui ont fait son succès indéniable, mais qu’on retrouve sur presque chacune de ses séries. L’utilisation de parchemins en cartouche amenant diverses informations sur les cadres spatiaux temporelles ou sur les personnages sont encore assez abondamment exploités, de même que les bulles de pensés expliquant les intentions des personnages par exemple.
Néanmoins on se laisse vite prendre au jeu de ce SinBad. En dépit du fait qu’il s’agisse du premier tome (généralement plus lent, qui pose les bases de la série), le côté aventure est très réussi, malgré un rythme en dent de scie, avec des scènes dynamiques mais parsemés de pauses. Mais des rebondissements parsèment agréablement l’histoire, dans laquelle on se retrouve plongé malgré soit, ou pour être plus exact avec un certain plaisir, en fait.
Un léger ton comique ponctue l’histoire, juste assez pour faire sourire le lecteur et pour ne pas repousser les réfractaires à l’humour arlestonien allergiques à Lanfeust des Etoiles par exemple.
La magie est omniprésente dans le récit, avec tout un lot d’objets magiques plus fantastiques les uns que les autres et un bestiaire merveilleux qui se met en place dans cet album.
Mais un des points les plus forts de cette nouvelle série est sans doute la profondeur des personnages.
Sinbad, tout d’abord, dont le nom est traduisible de l’anglais par le pléonasme « mauvais pêché » est particulièrement intéressant. Présenté comme un « enchanteur, aventurier et pirate romantique », dès ce premier tome, on découvre avec joie son caractère volage, arnaqueur, violent et manipulateur, mais également sa face torturé, à la recherche de ses parents qui l’ont abandonnés. Pour ma part, j’espère vivement que l’aspect « Pirate romantique » sera abordé dans le deuxième tome de ce diptyque.
Les autres personnages ne sont pas en reste, avec le génie, qui, s’il possède la couleur bleue de celui de Disney, s’en démarque par sa violence, ou encore la magicienne Turabah qui cache sous son physique de petite fille un sadisme et une autorité de fer.

Pierre Alary, après les Echaudeurs des Ténèbres, s’était fait connaître sur la série Belladone scénarisée par Ange et avait été remarqué par son style dynamique et vif.
C’est donc avec joie qu’on retrouve cette atmosphère graphique sur SinBad. Le héro est charismatique comme la plupart des personnages. Alary a sûrement fait beaucoup de recherches avant d’arriver à un tel résultat sur chaque apparence.
Beaucoup de plans profonds font penser à une mise en scène cinématographique avec une focalisation choisie sur un certain plan de l’image. Cette impression est renforcée par la mise en couleur, ou Fernandez donne parfois une teinte unie aux seconds plans.

Cette nouvelle série d’Arleston s’avère pour l’instant réussi, avec un dynamisme scénaristique renforcé par le trait d’Alary qui démontre encore une fois son talent.
On retrouve une noirceur peu commune aux autres récits d’Arleston, et les personnages sont travaillés et intéressant. On se laisse vite prendre à la lecture pour passer un bon moment d’aventure orientale avec ce récit prenant.
L’édition Canal BD est très intéressante : pour un petit prix (16euros) le lecteur disposera d’un making of intéressant de huit pages, d’une couverture alternative et d’un dos toilé, le tout limité à 1200 exemplaires !

Par VincentB, le 27 juin 2008

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