Sirène
En se retrouvant enceinte, Magda sait que cela ne va pas être facile. Son ami Nour est marocain, et ici la naissance d’un enfant quand on n’est pas marié est une chose difficilement acceptable. La jeune femme décide donc de traverser le Maroc pour le rejoindre et en discuter avec lui. Mais commencent en elle des remises en question, que veut elle profondément ? Qu’en est-il de son histoire avec Nour ? Et cette jeune fille qui apparait au moment même de cette prise de conscience, de cette angoisse qui grandit, qui est-elle ?
Par fredgri, le 26 mai 2013
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Scénariste :
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dessinateur :
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Éditeur :
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Genre s :
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Sortie :
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ISBN :
9782800159111
Notre avis sur Sirène
Daphné Collignon nous offre là un album très particulier, un de ceux qui ne proposent pas une lecture linéaire, absolument narrative, mais au contraire qui nous entraînent dans une sorte de périple des sens, ou il faut accepter de temps à autre d’être désarçonné, de perdre un peu pied, ou il faut surtout appréhender les choses presque de manière sensuelle ! Car, en effet, c’est quelque peu nébuleux, pour comprendre il faut tenter de décrypter, faire le tri, il faut faire des compromis. L’ambiance est intimiste, de temps à autre contemplative avec des élans poétiques.
Cette jeune femme se retrouve dans un cas de conscience, entre deux cultures, elle comprend très bien que cet enfant qui va arriver signifie avant tout un engagement de sa part, des choix à faire, et va-t elle être capable de tout sacrifier pour l’amour de l’homme qu’elle aime, de sa culture ? Et en même temps que cette angoisse grandit en elle, que l’existence de ce bébé à venir prend de la consistance elle rencontre cette mystérieuse jeune fille, évanescente, muette, qui n’est peut-être avant tout qu’une idée qui émerge, qui prend corps, l’idée de ce petit être qui arrivera un jour, qui grandira, qu’il ne faut pas abandonner. Car derrière ce regard énigmatique et ces cheveux au vent c’est la nature même de Magda qui persiste, qui s’impose. La jeune femme elle même ne comprend pas tout de suite qu’il y a un chemin à faire pour que cette "évidence" s’impose à elle !
Daphné Collignon propose donc ici une variation très personnelle autour du thème de La Petite Sirène d’Andersen. Un peu comme le Ulysse de Joyce qui s’est construit autour de la structure de l’Odyssée. Il ne faut bien évidemment pas prendre tout ça de façon trop littérale car tout est dans l’idée, le geste, c’est une "variation" ! Néanmoins, si on lit en parallèle le conte original on peut mettre en perspective deux ou trois choses intéressantes qui peuvent aider à décrypter ou simplement juste comprendre !
Magda, par exemple, rencontre Nour au moment ou elle a décidé d’arrêter de chanter, comme la petite sirène qui accepte de perdre sa voix pour vivre auprès des hommes… La petite sirène, qui doit choisir entre son homme et sa nature de sirène, décide d’assumer ses choix, quitte à se sacrifier elle même. Magda se pose la question du choix à faire, elle aussi, des enjeux personnels…
Alors c’est vrai que l’album oscille entre passages assez obscures, voir même quelque peu hermétiques pour peu qu’on ne puisse décoder ces écritures, ces images qui se superposent, mais je pense qu’il faut aussi se laisser entraîner dans cette immersion subjective, dans ce voyage intérieur, guidé par les mots, quitte à ne vivre certaines de ces impressions que d’un oeil en retrait.
Personnellement, passé la première phase assez dubitatif je me suis rapidement pris au jeu, séduit à la fois pas le magnifique graphisme de l’artiste, cette façon de s’arrêter sur des regards, de glisser la main sur la courbe d’un coup de pinceau, de magnifier ces femmes sublimes. Car, avant tout, cet album m’est apparu comme un tout, un ensemble de sensations, de fragments. Néanmoins, il reste que ça n’est pas toujours facile à aborder pour s’y retrouver, c’est vrai, il y a quelques petits passages assez ardus. Toutefois, ça n’a pas vraiment gêné ma lecture, ceci dit !
Un album qui s’adresse clairement aux lecteurs qui sont près à se laisser prendre par la main dans un récit aux contours assez flous, subtilement intimiste, ou les limites entre l’artiste et son œuvre deviennent une invitation troublante pour une lecture décalée et fascinante ! L’invitation à un voyage, à la rencontre d’une artiste très inspirée !
Merci !
Par FredGri, le 26 mai 2013
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