SISYPHE - Le châtiment des dieux

Au plus profond des Enfers, se trouve le Tartare. En cet endroit chaotique où toute vie est bannie et où sont envoyés les plus grands criminels, Sisyphe purge durement sa peine éternelle en poussant inlassablement un rocher. Quelques siècles plus tôt, ce dernier, roi de Corinthe, fait l’apprentissage de son fils Glaucos. Répondant à la demande de la sorcière Médée en fuite, Sisyphe lui fournit un bateau qui s’avère être en très mauvais état. En guise de représailles, la fuyarde lui jette un sort qui grève la destinée de Glaucos. Au fil des jours, ce dernier voit sa santé décliner au point qu’il ne peut même pas se lever. A force de suppliques, la déesse Hygie finit par donner rendez-vous à Sisyphe au Diolkos. Là, il rencontre Thanatos qui personnifie la mort et qui lui donne, via un pouvoir, l’occasion de sauver son fils. Mais pour qu’il soit opérant, il faut que le monarque prenne une vie chaque mois. Evidemment, ces conditions, s’il les applique, le condamnent irrémédiablement au Tartare…

Par phibes, le 7 août 2024

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Notre avis sur SISYPHE – Le châtiment des dieux

Après avoir mis en avant, sous le couvert de la collection Mythologies, les mythes d’Astérios, le Minotaure (paru en 2022) et de Pygmalion et la vierge noire (paru en 2023), Serge Le Tendre poursuit son objectif de traiter, sous le format bande dessinée, de la mythologie grecque et plus particulièrement de personnages majeurs qui ont eu droit à leur épopée. Sisyphe fait partie de ce lot et à cet égard, fait l’objet d’une évocation complète sur sa terrible destinée.

Connu pour le châtiment auquel il a été condamné par Zeus et qui consiste à pousser inlassablement une pierre ronde vers la crête qui n’en finit pas de revenir à son point de départ, Sisyphe vient via son narrateur patenté expliciter les raisons de sa douloureuse pénitence. Grâce à un découpage sympathiquement dynamique, Serge Le Tendre nous offre en quelque sorte un récit aux allures aventureuses captivantes, certes basé sur une réelle documentation mais pour le moins animé. Se faisant fort d’y associer nombre de divinités olympiennes Comme Zeus, Hygie, Hadès, Demeter, Thanatos… à des personnages humains qui ont eu le privilège (ou pas) d’approcher les dieux comme ici Sisyphe par exemple, le scénariste dresse la terrible manipulation voire la malédiction dont a été soumis le roi de Corinthe et ses pérégrinations pour tenter de s’en dégager.

L’histoire se veut bien sûr dramatique et révèle l’inique supériorité des dieux vis-à-vis des humains considérés comme des objets frivoles. Malgré tout, à certains moments, Serge Le Tendre semble s’être laissé aller pour y transposer avec une certaine surprise quelques scénettes plus légères un tantinet cocasses (sur l’Olympe en particulier). Il n’en demeure pas moins que le résultat final est convaincant et par son intérêt, donne un bel aperçu du mythe de Sisyphe.

Comme d’accoutumée dans cette collection de chez Dargaud, Frédéric Peynet assure l’illustration des tourments de Sisyphe. Au regard des premières planches, l’artiste met en avant une expression graphique de grande beauté, relevée par une colorisation de bon niveau. L’évocation de Sisyphe dans le Tartare est très impressionnante de réalisme et de chaleur ambiante et contraste volontairement avec les représentations de la Terre du haut. Le travail est de qualité surtout dans le jeu des expressions des personnages tout comme d’ailleurs dans la gestion des détails.

Une reconsidération du mythe de Sisyphe pour le moins captivante.

Par Phibes, le 7 août 2024

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