Six mois et un autre. Un chemin de Compostelle

A 19 ans, pour sortir du labyrinthe que semble être devenue sa vie où tout pourrait se résumer pour lui à échecs, abandons et séparations, Blaise décide de tout plaquer et de prendre le « chemin de Saint Jacques ». Avec 400 euros sur un compte, avec un peu de matériel de camping et avec un total manque d’expérience et de préparation, il s’est lancé, accompagné les tout premiers jours par deux amis. Blaise entamera son périple en hiver et il aura à plusieurs reprises la tentation de s’arrêter. Mais manquer de courage, il avait déjà donné ! Alors il a insisté, il s’est accroché, et, à force de rencontres, d’expériences, de doutes et de récompenses, guidé par l’envie d’aller toujours un peu plus loin, il a trouvé une route. Elle ne l’a pas exactement mené jusqu’à Compostelle, ça non ! Mais il l’a en tout cas suivie avec bonheur ; et il la suit sans doute encore de nos jours après ces six premiers mois pour devenir un autre…

Par sylvestre, le 6 juin 2023

Notre avis sur Six mois et un autre. Un chemin de Compostelle

A dix-neuf ans, on ne connaît pas grand-chose de la vie, mais dix-neuf ans, c’est malgré tout cent pour cent de sa propre vie lorsqu’on atteint cet âge-là ! Même si on n’a pas beaucoup d’expérience quand on est jeune, on sait bien si l’on est heureux ou non, on voit bien si ça roule ou pas. Blaise, lui, était à ce moment-là en proie a un grand mal-être sur lequel une rupture amoureuse avait eu un effet loupe. Et un jour, il l’a compris : pour sortir de sa spirale infernale, il lui fallait peut-être déjà tout simplement sortir de chez lui et aller voir plus loin s’il y était. Prendre la route fut la solution qu’il a trouvée et il ne fut pas à l’abri d’abandonner très vite comme il l’avait fait tant de fois mais cette fois-là, ça a fonctionné : en perte de repères et dans l’obligation de se démerder, Blaise a mûri. Et même si « faire la route » ce n’est pas forcément se stabiliser, c’est au moins prendre le temps de se poser des questions. Et dans le lot, il y en a des bonnes.

Le témoignage que Blaise Pruvost nous livre de son expérience de pélerin est très juste et très sincère. Qui a déjà dormi à la belle en mode routard ou dans l’habitacle de sa voiture en terre inconnue captera dans ses planches ces petites choses qu’on n’invente pas tant qu’on ne les a pas vécues : le froid, le chaud, les bruits, les craintes, la fatigue… Les obligations de se dépasser ou de laisser de côté son amour-propre, le courage dont il faut faire preuve et la confiance qu’il faut accorder à l’Autre… Le plaisir de cheminer seul ou la facilité d’aborder les gens quand ce n’était pas forcément votre truc… Le retour à des choses plus simples, le temps qui ne s’écoule plus de la même manière, l’importance des clartés, ces rythmes qui nous redéfinissent ou encore la redécouverte d’évidences que notre mode de vie et nos soucis nous avaient fait perdre de vue…

Au crayon noir et sur plus de 300 pages, le jeune auteur nous fait le récit de son périple en faisant alterner moments d’implacable réalité et instants traités plus poétiquement. Il se raconte sans détour sur cet itinéraire qu’il a suivi ; ou plutôt sur cet itinéraire dont chaque kilomètre l’a attiré vers le prochain au gré de mille situations. On dit que les voyages forment la jeunesse et c’est bien vrai. Ils forment aussi ceux qu’on devient pour tout le reste de sa vie, mais ça, l’adage oublie malicieusement de le préciser pour que chacun ait le plaisir ensuite de s’en rendre compte par soi-même et d’avoir l’impression d’en avoir la révélation avant les autres.

Un bol d’authenticité, aux éditions Steinkis.

Par Sylvestre, le 6 juin 2023

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