Snow Illusion

Icori Ando choisit un format « tranche de vie » pour ce manga tout à fait original, tant dans le récit que dans le trait. On découvre Yuki (« neige » en japonais), mariée à un homme qu’elle aime de tout son coeur. Yuki ne veut que le bonheur de son mari, et tant que ce bonheur et cet amour sont partagés, elle peut rester auprès de l’être aimé. Mais inéluctablement arrivent le doute, la trahison, et Yuki, devenue froide comme la glace, doit partir.

C’est un récit empreint d’une infinie tristesse, mais également d’une belle poésie. Car c’est l’amour qui guide Yuki d’histoire en histoire, et son immuable beauté, sagesse, et dévotion font d’elle le paradigme de la femme – et de l’épouse – idéale. Mais c’est le désir, la trahison, l’adultère qui obligent Yuki à quitter celui qu’elle aime.

Chaque histoire, chaque « matin », apporte un nouvel espoir, une nouvelle opportunité pour Yuki, un nouveau rêve de bonheur. Cette belle fable inspirée d’un conte traditionnel – celui de la Femme des Neiges – apporte une vraie réflexion sur l’idée du bonheur, le vrai, l’éternel. Apprécie-t-on celui qu’on aime suffisamment pour le garder toute une vie? Ou bien sommes voués à nous frotter à tant de personnes, toutes différentes comme les flocons, puis à les oublier, quand la saison change? Cette poésie dans le récit donne une teinte mélancolique à Snow Illusion.

On appréciera le trait détaillé, loin du rapide dessin de manga, chaque planche est travaillée, chaque dessin minutieusement préparé, pour un effet plus réaliste. On est ainsi frappés par les émotions pures, jamais exagérées, mais toujours puissantes, qui imprègnent cet ouvrage.

Une belle découverte à lire sans hésiter, ce one shot est une fable poétique, et pourtant si moderne. Le mystère et la mélancolie profonde qui transparaissent à la lecture laissent une impression douce-amère, mais Ando nous donne également l’espoir qui tempère ce sentiment de tristesse et d’inéluctabilité.

Par Clémence, le 2 mai 2015