SOLEIL GLACE

C’est un jour noir pour Luce. Alors qu’elle vient d’être larguée par son mec, elle apprend de sa mère que son père Paul, qu’elle n’a pas vu souvent, est décédé. Le jour de l’enterrement, elle retrouve la famille proche et reconnaît Marianne avec qui le défunt a vécu une double vie. Elle fait la connaissance de ses enfants, la petite Pia et Pierrot, vingt ans, autiste de son état, très bavard lorsqu’il perd ses repères. Luce finit par s’intéresser à ce demi-frère de pratiquement de même âge au point d’aller le voir au centre où il réside. Après une approche peu évidente, elle parvient patiemment à initier une relation de confiance et décide de rattraper les vingt ans perdus. Pour cela, elle propose à Pierrot de faire une grosse connerie, à savoir de fuir le centre d’hébergement et de faire le voyage que leur père leur avait promis et qu’il n’a jamais tenu. Leur destination sera la Laponie.

Par phibes, le 25 septembre 2024

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Notre avis sur SOLEIL GLACE

Très portée sur des récits à la dimension humaine, Séverine Vidal revient sur le devant de la scène pour nous offrir un nouveau roman graphique (adapté de son roman éponyme paru précédemment en 2020 chez Robert Laffont), ayant trait aux pérégrinations de deux jeunes personnages que la mort d’un proche va rapprocher et les inciter à prendre des initiatives pour le moins folles.

C’est donc l’histoire contemporaine de Luce et de Pierrot, deux jeunes adultes qui ont la particularité d’avoir un père en commun sans qu’ils se connaissent véritablement. La mort de celui-ci va leur permettre de se découvrir et même de faire des projets (certes insensés). Le récit se veut porté par la jeune femme Luce, délurée et vive, qui profite de ce frère tout neuf pour tenter de rattraper le temps perdu.

Il va de soi que l’évocation mise en avant par Séverine Vidal est des plus natures et génère, eu égard au trouble profond de Pierrot, des élans émotionnels fortement agréables. Il y est certes question de drame familial (le père décédé vivant une double-vie sans qu’il puisse prendre position) et de rébellion filiale. Mais au-delà de ces dispositions mutines, il y a une volonté de prendre à la vie à bras le corps, de donner corps à des espoirs vécus. Luce et Pierrot brisent la glace et nous réchauffent de leurs gesticulations tendres et itinérantes. Leur relationnel reste assez cocasse mais a le privilège de nous énergiser contre la différence et de nous emporter dans son sillage bienfaisant.

Graphiquement, Laura Giraud assure une mise en images en cohérence avec la thématique. A la faveur d’une sensibilité picturale très agréable, elle nous offre une vision poétisée de l’aventure du tandem Luce/Pierrot à l’échelle humaine. Son trait épuré est assez stylisé et révèle déjà, pour ce premier album grand public, une belle maturité dans l’expression de ses personnages et dans le choix des arrière-plans détaillés avec soin. La colorisation a également une incidence volontaire dans le message graphique. Sans excès et bien adaptée, elle apporte un relief des plus esthétiques.

Une aventure humaine qui vous fait fondre le cœur et qui vous embarque profitablement !

Par Phibes, le 25 septembre 2024

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