SOLIMAN LE MAGNIFIQUE
Soliman le Magnifique

En 1556, âgé de plus de soixante ans, après avoir mené de nombreuses campagnes qui ont repoussé les limites du puissant empire de la maison d’Osman, fait abattre sans vergogne son fils Mustapha qui intriguait dans l’ombre et poursuivi pendant deux ans les armées fuyantes du Shah d’Iran qui menaçaient la partie est de son empire, Soliman dit le magnifique, appelé également Padishah, a décidé de mettre un terme à sa démarche guerrière. De retour à Istanbul, le haut dignitaire, las de porter la destinée du monde, vient trouver un certain repos auprès Hürrem Sultan, l’ancienne esclave devenue sa concubine. Il assiste à la fin des travaux de la mosquée Süleymaniye et peut, en ces hauts lieux, enfin pleurer la perte de ses deux fils, Mustafa et Jihangir. Deux ans plus tard, en 1558, Soliman déplore la perte de son aimée. Très affecté, il se doit de réfléchir à sa succession et se doit de choisir entre ses deux fils Bayezid et Selim. Il les envoie dans deux régions différentes, l’une plus prestigieuse que l’autre, et pousse immanquablement Bayezid, lésé, à se rebeller contre Selim. Une guerre civile éclate au détriment de Bayezid qui, après avoir cherché à s’allier avec le Shah d’Iran, est assassiné en même temps que sa famille en entente avec Soliman. En 1566, le sultan, diminué physiquement, décide de repartir en campagne en terre hongroise, en direction de Vienne, pour mener sa dernière bataille.

Par phibes, le 18 février 2015

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Notre avis sur SOLIMAN LE MAGNIFIQUE – Soliman le Magnifique

Grâce à leur collection Ils ont fait l’Histoire, les éditions Glénat mettent à l’honneur un nouvelle figure historique, le sultan Soliman dit le Magnifique, qui, comme ses prédécesseurs dans la saga, a parcouru les âges et façonné l’Histoire de l’Orient par ses pérégrinations guerrières.

Pour cette occasion, Esteban Mathieu (Alter, Linked, Kingsley) et Clotilde Bruneau, nouvellement venue dans le monde de la bande dessinée, s’associent pour traiter de ce personnage ô combien symbolique qui a su, à l’instar d’Alexandre le Grand, étendre sa notoriété en assumant sa soif de conquête et par ce biais, en constituant un empire riche très envié. Pour cela, les coscénaristes ont souhaité, plutôt que de survoler trop légèrement toute sa destinée, de se focaliser essentiellement sur les quelques treize dernières années de son règne, au moment où ce dernier, vieillissant et exténué par ses campagnes précédentes, aspire un retour dans sa ville fétiche.

Il ne fait aucun doute que les auteurs ont pleinement fouillé la documentation historique sur ce monarque et, fort de cette manne considérable, en ont restitué une évocation certes rapide mais efficace pour donner un gros aperçu et du personnage et de ses ambitions. Sans éluder une certaine sensibilité, il en ressort une juxtaposition de faits historiquement marquants mettant en exergue le portrait omnipuissant de ce dignitaire psychologiquement inflexible, très bien renseigné, qui peut, à la fois prendre les pires décisions (faire assassiner ses enfants par exemple) et être à l’origine de très belles choses. Aussi, cette évocation, bien qu’elle repose sur la période déclinante du monarque, met bien en lumière la force de caractère de ce sultan dans l’art de faire la guerre (même à bout de force), de créer des monuments superbes qui feront la gloire d’Istanbul (la mosquée de Süleymaniye) ou d’intriguer pour asseoir sa toute puissance.

Par ailleurs, on y découvre un dignitaire meurtri, capable d’afficher une certaine sensibilité face à la perte de ses enfants, de son égérie Hürrem Sultan qui le plonge dans une solitude perceptible et lui donne l’occasion d’écrire un poème d’amour.

La mise en image est confiée à Cristi Pacurariu qui trouve ici la juste représentation historique pour illustrer le légendaire monarque. A force de documentation, ce dessinateur joue la carte du réalisme dans des accents orientaux comme il se doit très enchanteurs. Les décors sont on ne plus convaincants (en particulier la superbe vision de la mosquée de Süleymaniye) qui traduisent un gros travail de recherche. De même, les personnages et notamment Soliman apparaissent sous des traits durs bien marqués afin de bien faire percevoir la force de caractère de ces derniers. Il va de soi que la colorisation chaude d’Andrea Meloni/Mads-Factory apporte toute la profondeur nécessaire à ces graphiques.

Une biographie réussie sur un personnage historique tout en charisme qui se veut accompagnée d’une annexe documentée dressée par l’historien Julien Loiseau très instructive.

Par Phibes, le 18 février 2015

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