Son univers impitoyable

 
Campagnes et élections présidentielles obligent, la politique profite de l’actualité pour se faire une petite place dans le paysage des sorties BD. Comme les "casseroles" des candidats qui font qu’on parle plus de leurs dérapages que du contenu de leurs programmes, ces bandes dessinées qui sortent "à point nommé" font généralement plus dans l’humour, la caricature, l’ironie et le sarcastique que dans le pédagogique. L’humour n’empêche pourtant en rien le dévoilement de vérités ni la transmission de messages et à ce jeu-là, dans cette bande dessinée, c’est Jean-Marie Le Pen et donc le Front National et donc sa fille qui en prennent pour leur grade. Le lecteur voit défiler la vie du fondateur du parti populiste français en se faisant guider par le scénario d’anecdote en anecdote : autant de "points marquants" dont on se rappelle forcément tant ils ont fait le buzz et qui, dans le cas de la saga Le Pen, forment plutôt une succession de faits qui, bien que navrants, ont malgré tout assuré au fil du temps la "publicité" pour ce clan qui a fait de la chose politique un fonds de commerce familial et une raison de vivre.

Mauvaises racines, violences, trahisons, racisme, propos antisémites, malhonnêteté, petits arrangements et "coups de putes", méthodes musclées… Puis efforts pour faire oublier tout ça derrière des discours tendant vers le politiquement correct… Il est vrai que le Front National ne se présente pas franchement comme le parti du vivre ensemble, de la paix sociale ou de ce genre de choses dont notre société aurait bien besoin ! Et voir listés tous ces "grands moments" en 140 pages, c’est vraiment affolant !

Les auteurs Renaud Dély (au scénario) et Fred Coicault (au dessin style humoristique) nous font approcher au plus près des "personnages" : on est ainsi tour à tour avec eux à table, en famille, au lit, en réunion politique, etc, etc… Bref, on est "dedans" et c’est terrible de voir que la transmission de toutes leurs valeurs discutables se fait chez les Le Pen de génération en génération ! Mais rassurez-vous… Vous n’êtes pas obligés de voter pour eux !
 

Par Sylvestre, le 30 mars 2017