Sous le tamarinier de Betioky

 
Geneviève Marot, illustratrice, a réalisé différents travaux pour le groupe de musique malgache Ny Malagasy Orkestra, un groupe qu’elle a également suivi en tournée. C’est ainsi qu’elle a fait plus ample connaissance avec Jean Rebily (alias Jean Piso), un des membres du groupe. Il lui a fait découvrir son pays, Madagascar, son petit village et sa population… Et lui a raconté des tas d’histoires, de souvenirs et d’anecdotes qu’elle a rassemblés dans cet album : comment Jean a bien failli être enterré vivant à la naissance, comment il a, petit garçon, découvert et adopté l’accordéon, comment il a grandi au village, parmi les siens, et comment plus tard est né son groupe de musique…
 

Par sylvestre, le 18 octobre 2015

Notre avis sur Sous le tamarinier de Betioky

 
Plus qu’une simple illustratrice, Geneviève Marot est ce qu’on appelle une carnettiste ; elle est d’ailleurs membre fondateur des "Carnettistes tribulants". Qui dit carnettiste dit voyages, et qui dit voyages dit parfois voyages lointains et dépaysants d’où l’on a automatiquement envie de rapporter des souvenirs puis de les partager, ce que permet admirablement l’art du dessin.

Avec cette bande dessinée intitulée Sous le tamarinier de Betioky, l’artiste pourtant ne livre pas qu’un simple carnet de voyage : elle réalise mieux que cela en offrant à ses lecteurs, en plus d’une visite graphique des coins de Madagascar où elle s’est rendue, la biographie d’un joueur de musique qui permet à elle seule, outre de raconter une personne et de lui donner la parole, de parler de son entourage, de la façon dont il a grandi et vécu, de son œuvre…

On sent que Geneviève Marot a été enchantée par sa rencontre avec les musiciens du groupe Ny Malagasy Orkestra  et par ses séjours sur la "Grande île". Ça se voit dans le traitement de sa BD : elle y est très à l’aise, jouant avec la notion du temps puisqu’elle dessine son héros tour à tour enfant ou adulte, abordant maints sujets différents avec réussite, se représentant même dans sa propre bande dessinée, et nous transmettant avec de très belles illustrations et un choix d’informations intéressantes cet amour qu’elle a développé pour cette part d’Afrique baignant dans l’Océan Indien et pour les gens qu’elle y a rencontrés et qu’elle n’a pu qu’apprécier tant on mesure la chaleur de l’accueil qu’ils lui ont réservé là-bas.

Sous le tamarinier de Betioky est également intéressant pour un sujet en particulier : l’instrument de musique qu’est l’accordéon. Cet instrument est en effet assez ringardisé sous nos latitudes (même si à bien y regarder, il a droit de cité dans bien des morceaux plus ou moins modernes que tout un chacun peut apprécier) et il gagne là une place de choix, hissé au rang de vecteur de rêve, de reconnaissance sociale, d’admiration, de succès… Bref, une mise en lumière dépoussiérante pour un instrument qui mérite mieux que d’être réduit au style musette auquel on l’associe volontiers sans savoir qu’il est aussi un formidable instrument pour interpréter de la musique moderne, du jazz, du classique et qu’il a été adopté et adapté partout dans le monde par bien des communautés très différentes, toutes avides de lui faire traduire en musique leurs cultures, leurs histoires, leurs légendes, leurs états d’âmes, etc, etc…

Il y a des bandes dessinées qui séduisent à plus d’un titre. Sous le tamarinier de Betioky est de celles-là : elle vous fera découvrir un pays, sa langue, ses traditions, ses gens, mais aussi un instrument de musique et un musicien en particulier. Comme c’est un récit basé sur du pur réel, cette BD est en outre une lecture que vous pourrez prolonger en vous intéressant au groupe Ny Malagasy Orkestra, à son esprit, à son histoire, à sa musique. En d’autres mots, une BD qui vous invite à continuer le voyage.
 

Par Sylvestre, le 18 octobre 2015

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