Spirou et Fantasio Classique
La baie des cochons

En 1960, Fidel Castro doit se rendre à New York pour faire un discours devant l’ONU. Spirou et Fantasio Arrivent en même temps pour couvrir l’évènement. Cependant, appréhendant l’évènement, le révolutionnaire cubain se sent menacé de tous les côtés par les américains et leurs espions, persuadé même d’être entouré d’agents doubles. Après un malencontreux quiproquo, il croit que Spirou est l’un d’eux, il le fait enlever pour l’interroger à la Havane. Refusant d’abandonner son ami, Fantasio décide de s’allier à la CIA part pour organiser une mission de sauvetage…

Par fredgri, le 23 mai 2024

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Notre avis sur Spirou et Fantasio Classique #1 – La baie des cochons

Avec cet album, Dupuis inaugure la nouvelle collection « Spirou et Fantasio classique », en y intégrant rétroactivement « Spirou chez les Soviets » sorti en 2020.
L’idée avancée est assez simple, finalement, et pas très nouvelle (on a vu la même approche avec Buck Dany, par exemple). On glisse les deux héros reporters au cœur d’évènements historiques en retranscrivant le style graphique de l’époque (ici celui de Franquin). Avec cet album, les deux héros, accompagnés de Sécotine et du Marsupilami, plongent en plein conflit américano-cubain ou d’un côté, les révolutionnaires s’organisent en reproduisant quelques erreurs de leurs adversaires, tandis que de l’autre, la CIA manipule l’opinion générale, quitte à ensuite user des mêmes méthodes discutables que leurs adversaires. Nos héros sont alors pris entre les troupes de Fidel Castro et les poches de résistance alliées de la CIA. Au milieu de tout ça, ils tentent de se dépêtrer de ce méli-mélo inextricable, sans vraiment savoir quel camps et pire que l’autre…
Chronologiquement l’histoire se passe juste après « Le prisonnier du Bouddha« 

Fidèles à la légèreté du style de Franquin, Michaël Baril, Clément Lemoine et Elric se jouent assez habilement les codes graphiques et narratifs de l’époque en posant assez efficacement les bases de leur intrigue. Ce qui est vraiment intéressant aussi, c’est la manière ou les auteurs amènent les personnages a progressivement prendre plus ou moins parti, chacun de leur côté. Qu’il s’agisse d’aller délivrer Spirou des griffes des infâmes révolutionnaires communistes, ou bien d’échapper aux manipulations des américains. On se rend alors compte que les deux camps ne valent pas forcément mieux l’un que l’autre, que les idéaux peuvent souvent aveugler les hommes de pouvoir, tout camp confondu.
Bien plus que de devenir des chantres d’une cause au détriment d’une autre, Spirou et Fantasio restent des héros désintéressés et indépendants, assez lucides pour ne pas tomber dans les pièges de l’Histoire qui se résume un peu trop souvent à une vision binaire des faits.

Sans vouloir s’engager dans la voie fragile du choix, les auteurs ne veulent pas non plus glisser dans un réquisitoire anti ça ou ça. Ils confrontent avant tout cet univers fictif à une réalité dont ils s’amusent, sans pour autant la dédramatiser.
En contre partie, l’exercice « à la façon de » peut paraître deçi delà un peu poussif, même si la réalisation est une vraie réussite. On a le sentiment qu’il s’agit encore d’une tentative pour réconcilier les indéracinables partisans du « le meilleur c’est Franquin » qui râlent au moindre style qui diffère…

Au final, on a un album très agréable, qui donne le sentiment d’un retour dans le passé plutôt rafraîchissant. On verra ou nous mèneront les prochaines propositions (« Le trésor de San Inferno » de Tarrin et Trondheim et « Zorgrad » de Baril, Lemoine et Elric).

Par FredGri, le 23 mai 2024

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