Stella

Taylor Davis est écrivain. Après avoir connu un réel succès avec l’un de ses derniers romans, ce dernier s’est lancé dans l’écriture d’une nouvelle histoire qui retrace la vie d’un couple des années 50. Alors que l’intrigue sentimentale est bien avancée, celle-ci prend une tournure imprévue. En effet, subissant des déboires amoureux, Stella, l’héroïne de son roman, s’est plongée dans une intense réflexion qui l’a poussée à se détacher de sa réalité. Si bien que pour la calmer, Taylor s’est mis incroyablement à échanger avec elle. Ce changement de situation n’est pas sans surprendre son éditeur qui le laisse toutefois poursuivre l’écriture de son histoire. Une fois devant son clavier, Taylor reprend la conversation avec son personnage de fiction tout en lui cherchant des solutions à son problème existentiel. Jusqu’au moment où celui-ci finit par se retrouver dans une impasse et que le mot Fin tombe inéluctablement en bas de la page. Un temps de repos plus tard, Taylor se voit faire face à une Stella en chair et en os, décidée d’intégrer et de découvrir le monde réel. Une nouvelle vie en lien avec semble-t-il la noosphère s’ouvre à elle, faite de bonnes surprises mais aussi de désillusions.

Par phibes, le 17 juin 2020

Publicité

Notre avis sur Stella

Depuis Fog, Cyril Bonin peut se vanter d’œuvrer dans des domaines certes emplis d’humanité mais, pour beaucoup, auréolés d’un soupçon de fantastique (La belle image, Amorostasia, Time before, Presque maintenant…). Avec Stella, l’artiste reste en quelque sorte dans cet univers intrigant, qui a le privilège de titiller grandement la curiosité. Fort de ce concept scénaristique original, il nous entraine dans un genre de mise en abyme qui a tendance à nous faire vivre une relation impossible un tantinet paternaliste entre un auteur et son personnage de fiction.

C’est à partir de la première page que le décor, somme toute surnaturel, est planté. L’écrivain Taylor Davis est surpris en train d’engager la conversation avec son héroïne sur son existence propre en tant que personnage de fiction. Le questionnement est de mise : est-ce la volonté de l’artiste ou Stella a la possibilité de communiquer avec son créateur ? Force est de constater que cette révélation a pour conséquence d’inciter le lecteur à aller voir plus loin et de découvrir, une fois encore, une histoire pour le moins touchante et assurément immersive.

Sous le couvert de dialogues simples et finement ciselés, Cyril Bonin nous transporte subtilement dans cette curieuse équipée où une jeune femme des années 50 (qui n’a aucune existence réelle) émerge dans notre actualité. Malgré cette anormalité volontaire, l’auteur reste dans une certaine crédibilité, se faisant de dresser pour son héroïne un parcours initiatique sur notre société, sur les valeurs humaines et même scientifiques (la noosphère ou la sphère de la pensée humaine en particulier). On reste bien accroché aux péripéties dramatiques vécues par la jeune Stella tout en se demandant à chaque page ce qui pourrait bien lui arriver jusqu’au final (très bien pensé) qui fera son effet.

La partie graphique reste dans le style qui est propre à Cyril Bonin. Dans une très belle finesse et une colorisation toujours aussi peu excessive, l’auteur joue avec une grande habileté avec ses crayons, octroyant à ses personnages, grâce à des attitudes choisies, des ports de tête subtils, des regards généreux, une expressivité, une sensibilité extraordinaire.

Une très belle romance qui en emportera plus d’un, signée par un artiste au talent confirmé.

Par Phibes, le 17 juin 2020

Publicité