Strates et autres récits

Strates et autres récits rassemble des travaux qu’Ambre a réalisés entre 1990 et aujourd’hui. Certains sont inédits ; et si les autres ont déjà été publiés, c’est principalement dans les pages de revues désormais introuvables qu’ils ont eu les honneurs de la parution. Ce recueil est donc l’occasion de se pencher sur ce qu’a cet auteur dans les tripes et au bout de ses pinceaux.
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

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Toute la BD, que de la BD !

Notre avis sur Strates et autres récits

"Hard Luck", ça ne vous dit rien ? Bah, c’est peut-être normal. Et "Anus" ? Ah, oui, là, je vois de doigts qui se lèvent. Mais non… Moi, je vous parle de noms de publications ! Et ces deux-là doivent leur existence à un auteur assez discret dont le pseudo pourrait d’ailleurs faire croire à ceux qui n’en ont jamais entendu parler qu’il est une femme…

C’est dans les pages de ces publications à tirages très très limités que sont parues quelques-unes des histoires qui composent cet ouvrage. Aujourd’hui, elles sont rééditées, et puisque c’est la période, je me permettrais de dire que ce livre est un cadeau de Noël pour tout le monde ! Pour Ambre, d’abord, puisque voir les éditions 6 pieds sous terre proposer cette anthologie doit vraiment lui faire plaisir.

Pour les lecteurs ensuite, et cela pour plusieurs raisons. La première est que Strates et autres récits est un très beau et très gros livre. La seconde est que son tirage limité (800 exemplaires) fait presque écho à la rareté des tout premiers supports qui ont porté l’art d’Ambre. La troisième enfin est que ce que vous (re)découvrirez dans ce livre vous sidèrera. Ces planches auraient pu être dessinées hier que vous n’y auriez vu que du feu, car malgré leur âge, ces bandes dessinées ont un quelque chose que bien des BD modernes dites new wave pourraient leur jalouser. Ambre a une terrible maîtrise du noir et blanc. Peinture, crayon, feutre… A chaque instrument son résultat et sa force artistique. On sent bien qu’il est un artiste qui vit son art en osmose avec son matériel : ses outils et le fait de dessiner de la BD sont d’ailleurs bien présents dans son œuvre.

Son style graphique est pluriel. On a parfois l’impression de regarder ses personnages au travers un œilleton de porte qui serait de forme carrée ! Ils sont anguleux, leurs traits sont gras mais pointus… Ou au contraire, les traits sont beaucoup plus fins et s’entremêlent comme des cheveux longs seraient chahutés par le vent.
Quant à a narration, elle est riche, qu’elle s’appuie sur des textes fleuves ou qu’elle soit muette. On aimera dans la première histoire la scène redessinée autrement. On aimera plus loin l’utilisation de formes géométriques. On observera aussi tout du long comment sont conçues les planches, avec ces longues cases verticales ou avec ces damiers aux vignettes beaucoup plus petites… Il y a la proximité avec les personnages, aussi. Ces petits côtés autobiographique et réflexion-que-l’on-se-fait. Vraiment, Strates et autres récits est une belle leçon d’art en plus d’être un petit trésor d’archéologie pour bédéphiles !

En guise d’éditorial, vous pourrez lire un entretien entre Ambre et David Vandermeulen qui lui pose des questions. Les deux hommes ont collaboré dans le cadre de l’adaptation de Faust, chez 6 pieds sous terre également. Leur Faust était en couleurs. Ces Strates sont en noir et blanc ; elles auront pourtant sans doute un impact plus fort sur vos rétines et sur ce qu’il y a derrière.
 

Par Sylvestre, le 22 décembre 2008

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