SUPERMAN CHRONICLES
1987 volume 1

… Et pour commencer les choses dans l’ordre, John Byrne se retrouve avec une mini-série, Man of Steel, qui lui permet de poser les premières bases, les fondations. Concrètement, les choses ne bougent pas tant que ça, il s’agit bien plus de faire table rase du passé et d’avancer vers une matrice propre.
Il faut dire qu’au fil des années, l’univers de Superman, certes plein de charme, avait aussi tendance à s’ankyloser sérieusement, peinant à se renouveler. Et si le diptyque finale proposé par Alan Moore (Whatever Happened to the man of tomorrow ?) montrait tout le potentiel émotionnel de ce personnage, il sonnait aussi le glas d’une ère qu’il fallait désormais laisser en arrière.
John Byrne est alors au sommet de son art, il a fait comprendre aux éditeurs de DC qu’il souhaiterait s’essayer à Superman et l’opportunité semblait trop belle pour ne pas en profiter. Ainsi, à l’issue d’une réunion avec Dick Giordano, Mike Carlin et Marv Wolfman, les premiers éléments ont été posés, il était temps de lancer, à grand renfort de publicité, le grand retour du gars en slip rouge, nouvelle version.

Quand on commence à lire ce premier volume, on ne peut qu’être marqué par l’intemporalité de ces histoires. Elles ont beau dater de 35 ans, elles fonctionnent parfaitement, très dynamiques et bien menées d’un bout à l’autre. Mais ce qui est aussi intéressant c’est de voir qu’à l’époque, on n’était pas encore gagné par cette volonté de dépeindre un univers dramatique à outrance, le cœur des intrigues est vif, plein d’action, avec la volonté de constituer un background solide et des personnages récurrents qui ont une histoire.
Cependant, se glisse deçi delà des éléments plus actuels, comme lorsque Superman défend Metropolis contre des attaques terroristes et qu’il décide d’aller régler le problème à la base, au Kurak, ou encore lorsque Perry White s’attaque à l’Intergang en dénonçant ses exactions et sa violence décomplexée, sans oublier cette nouvelle version de Luthor en magnat industriel qui clame partout être le maître de la ville, qu’il peut absolument tout faire, au nez et à la barbe des autorités…
Ce remodelage est plus profond, moins dépendant du folklore habituel qui entoure le héros. Il est question ici de construire des fondations pérennes, mais aussi de les ancrer dans leur époque.

DC a alors l’excellente surprise de donner une identité propre à chacune des séries mettant en scène le héros.
D’une part on a le titre éponyme, "Superman", Par Byrne, qui sert un peu de liant à l’ensemble, le quotidien du super homme, ses ennemis, l’action, "Adventure of Superman", scénarisée par Marv Wolfman et dessinée par Jerry Ordway, qui prend plus l’axe de Clark Kent, son travail de journaliste, ses relations avec Lois ou Kat Grant (c’est d’ailleurs ce titre qui mettra davantage en scène des "dénonciation" plus politisées) et "Action Comics", encore par Byrne, qui, comme son titre le dit bien, ne met en scène que Superman et ses interactions avec le reste de l’univers DC, c’est le titre Cross-Over du lot.
Très vite les deux premières séries vont d’ailleurs se lire en alternance, croisant les intrigues, permettant aux auteurs de développer un corpus très cohérent et riche en réactivité.

Urban a déjà tenté de proposer le même volume, en version "couverture rigide", sans succès, mais peut-être n’était-ce pas le bon moment. Aujourd’hui, les lecteurs réagissent assez positivement au concept "Chronicles", à cet aspect patrimonial. On croise les doigts pour qu’ils soient au rendez-vous, d’autant qu’Urban propose les deux premiers volumes ce mois d’avril et le troisième en aout !
Les sommaires sont particulièrement alléchants, et quel plaisir de retrouver Byrne au mieux de sa forme, accompagné par Jerry Ordway et son si beau dessin. On retrouve avec joie cet enthousiasme de lire ces épisodes, de revoir ce héros en pleine action.

Très vivement conseillé !

Par FredGri, le 3 mai 2023