Supermatou
Tome 1

Modeste Minet est un garçon comme tous les autres, en apparence. Le jour, il va, comme ses camarades, à l’école, fait ses devoirs, en rentrant et retrouve ainsi ses parents et son chien Robert. Pourtant, le soir venu, il endosse le costume de Supermatou et Robert devient, de son côté, le Cerveau-Chien. Ensemble, ils s’envolent par la fenêtre pour aller s’occuper de tous les malfrats qui viennent troubler la vie des habitants de Raminagroville. Alors, bien sur, le héros a ses ennemis récurrents, comme Agagax, le bébé crapuleux ou encore Rosine Feufolette l’étourdit…

Par fredgri, le 30 mai 2023

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Notre avis sur Supermatou #1 – Tome 1

Si vous lisiez Pif dans les années 70, peut-être connaissez-vous les aventures de Supermatou, le super-héros de Jean-Claude Poirier qui fait régner la justice dans la bourgade Raminagroville, en compagnie de son super chien Robert. Jusque-là, à part quelques volumes en format poche, ou au travers de planches éparses dans les versions successives de Pif, le héros n’a jamais réellement bénéficié d’une réédition digne de soi, en albums. Les nombreux fans qui gardent encore des souvenirs émus de cette série « culte » ont ainsi du se faire une raison, au fil des années.

Cependant, nourrissant ce projet fou de rassembler un jour toutes ces histoires en un ou deux volumes intégrales, Bilitis Poirier, la fille du maître, a su trouver en Revival, l’éditeur spécialisé dans la réédition d’œuvres patrimoniales, un partenaire de choix pour réaliser ce vieux rêve.
Ainsi, pour notre plus grand plaisir, il nous est aujourd’hui possible de nous régaler avec une première fournée (sur deux) de 45 récits ou l’on plonge dans cet univers à la fois délirant et incroyablement addictif.

Créé en avril 1975, dans le Pif 322, Supermatou est une parodie joyeuse du monde des super-héros, à hauteur d’enfant, comme si finalement, un jour, Poirier s’était demandé comment un petit garçon pourrait s’imaginer les exploits des héros qu’il lit dans les comics. Mais au-delà de cette référence, Supermatou c’est un voyage dans les mondes décomplexés de Jean-Claude Poirier, avec ces immeubles mous qui semblent fait de caoutchouc, ces voitures qui parlent et tous les détails qui se glissent dans les coins des pages, on tombe sous le charme de cette douce folie ambiante absolument savoureuse, on sourit, on tourne les pages et on redevient cet enfant qui se régalait jadis en dévorant ces quelques pages.

Malgré tout, Supermatou ne se contente pas d’aligner tous les codes du comics en les détournant, Poirier y glisse régulièrement des idées plus poussées, comme dès les premiers épisodes quand il remet l’image du héros en question, quand il pointe l’égo du jeune Modeste qui porte parfois bien mal son prénom, ou encore quand la population le désavoue lorsqu’il commence à ne plus être à la hauteur. Poirier nous interroge alors sur le rapport qu’entretient le héros à son image et son devoir de justicier, sans pour autant oublier de la voir dans la perspective d’un jeune garçon.
Toutefois, Supermatou n’est pas un personnage ultra lisse, loin de là, il peste, s’agace, fait des erreurs, perd le contrôle et doit régulièrement se mettre devant l’évidence qu’il n’est surtout qu’un enfant lui même. Malgré tout, de cet état de fait découlent tout un tas de situations vraiment intéressantes qui donnent toute la texture à cette incroyable série que je vous conseille vivement de rédécouvrir sans plus attendre.

Relire aujourd’hui Supermatou permet de mieux se rendre compte combien ces récits « jeunesse », en apparences simples et décontractés, pouvaient nous parler en substance aussi de notre société, avec humour et profondeur.

LA surprise revigorante du moment.

Par FredGri, le 20 mai 2023

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