Supporters

Ancien ultra – c’est-à-dire un supporter fervent et non-violent qui soutient l’équipe et le club, y compris dans la défaite – Guillaume Warth partage dans ce recueil la passion qui l’a animé pendant deux années. Jusqu’à ce qu’ en février-mars 2010, la mort d’un supporter parisien en marge d’un match PSG-OM provoque la mise en place de mesures arbitraires par les politiques alors au pouvoir.

Amalgamés aux hooligans et racistes organisant des ratonnades, les groupes d’ultras se voient interdits de rassemblement et dispersés dans toutes les tribunes du Parc des Princes. Certains, comme Guillaume, ne remettront plus les pieds au stade. Bizarrement, cette sélection des "supporters" coïncide avec l’augmentation des prix des places, l’apparition de "show" à l’américaine et la transformation d’un sport en foot business.

Par geoffrey, le 26 octobre 2015

Notre avis sur Supporters

Recueil à l’italienne de 80 pages, Supporters compile, à la manière d’un livret d’une exposition de peinture, 80 extraits de texte et 80 dessins. Le texte se déroule au fur et à mesure des pages comme une lettre empreinte de nostalgie. En face de chaque extrait, le dessin évoque le souvenirs de moments de plaisir, de camaraderie, d’une vie de groupe intense.

A la croisée des chemins entre reportage et témoignage, le livre permet de découvrir un milieu, celui des Ultras – ces fervents supporters qui s’immergent dans la vie d’un club, s’abreuvent de la moindre rumeur, se repaissent de la vie des joueurs et ceux qui, le jour de match venu, comme en transe, sont capables de s’oublier, au point de chanter et d’agir pour soutenir et défendre leur club. Guillaume Warth réussit parfaitement à les décrire à la fois par les mots et les dessins. Ces derniers, au trait instinctif, sont empreints de groupes humains – des bandes de supporters au cordon de CRS – et des lignes du stade, ce temple du foot, où la foule se rassemble.

L’auteur va plus loin et, dans une prise de position courageuse, économe en mots, il rappelle des faits – ceux de 2010, mais également d’autres antérieurs. Il parvient, sans jamais citer aucun nom, à poser des questions pertinentes sur l’absence de mesures prises avant le drame, sur la véhémence et les véritables gagnants de la politique déployée par le gouvernement début 2010 (le sujet reste d’actualité puisqu’en juin 2015, une proposition de loi "relative à la représentation des supporters" était déposée au Sénat).

Surtout, au-delà de ces interrogations, Guillaume Warth nous fait ressentir la déception d’un supporter privé depuis lors de sa passion et qui n’a pas retrouvé d’exutoire aussi intense.

Pour toutes ces raisons, sur le fond comme sur la forme, Supporters est une œuvre forte, atypique et originale qui fera du bruit en tribunes.

Par Geoffrey, le 26 octobre 2015

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