SURVIVANTS DE L'ATLANTIQUE (LES)
La route des esclaves

Après 3 ans de captivité, Yann le Scorff est à nouveau jugé. En ce mois d’avril 1793, c’est le tribunal révolutionnaire d’Ille-Et-Vilaine, à la tête duquel se trouve son adversaire Kerbeuf, qui statue sur son sort. Condamné à la décapitation, il voit sa peine commuée à la dernière minute grâce à l’intervention de Rohan. Il retrouve de fait Locmaria et son père le cartographe. Ensemble, ils embarquent de force vers l’Amérique sous l’œil valide de Kerbeuf. Mais, tout ceci n’est que plan machiavélique monté de toute pièce par ce dernier qui souhaite, grâce à ce piège, mettre la main sur un fameux trésor dont les Scorff sont à même de retrouver. Les proscrits voguent, contre leur gré, vers des péripéties tragiques et insoupçonnées.

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur SURVIVANTS DE L’ATLANTIQUE (LES) #2 – La route des esclaves

Le calvaire de ce pauvre Yann le Scorff se poursuit dans ce nouvel épisode qui dévoile l’énorme rancœur d’un Kerbeuf impitoyable et la volonté d’un jeune malouin à vivre coûte que coûte malgré une destinée effroyable. Nous retrouvons, comme il se doit, le port de Saint-Malo, dans une effervescence révolutionnaire liée à la situation politique que traverse la France en cette fin du 18ème. La "terreur" est bien présente et la guillotine n’en finit pas de faire tomber les têtes. Yann le Scorff et son ennemi juré reviennent à nous dans des dispositions encore plus meurtrières.

Les péripéties vont bon train dans ce volume où le bannissement du jeune malouin va être la source de bons nombres de déconvenues et, heureusement, de faits plus agréables. Jean-Yves Mitton se met en phase avec l’Histoire et traduit les revirements de l’époque au travers du jeune proscrit, perturbé par ces changements rapides. La quête d’un trésor prend corps, mêlée à un affrontement entre deux rivaux. L’aventure revêt des allures exotiques puisque les quais de Saint-Malo s’éloignent et se transforment, après le pont de bateaux, en plages de sable fin. L’amour est au rendez-vous également grâce à Locmaria et Assomption.

Jean-Yves Mitton heurte notre sensibilité en évoquant des scènes non exemptes d’évènements cruels et avilissants. Les faits d’armes sont très nombreux et sont l’occasion pour l’auteur de nous faire toucher du doigt, à plusieurs reprises, la barbarie à l’état pur.

L’énergie ressentie dans le dessin est on ne peut plus salutaire. Elle donne une excellente dynamique à la lecture des vignettes et grâce à l’authenticité du trait excite notre envie d’en savoir un peu plus. L’œuvre y est extraordinaire, rigoureuse, pleine de vigueur, d’une profondeur remarquable et très détaillée. On ne pourra pas rester insensible à la restitution des visions malouines, tout comme celles des bricks toutes voiles dehors. L’effort sur les tenues vestimentaires est énorme et confirme sans nul doute un travail de documentation formidable.

Si vous n’avez pas peur de lire des faits historiques sanglants, "La route des esclaves" comblera votre attente. Attention, cet album n’a d’entendement que s’il est lu avec les premières péripéties.

Par Phibes, le 28 juillet 2008

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