Swallow me whole

Swallow me whole de Nate Powell est un roman graphique paru à l’origine en 2008 aux Etats-Unis et qu’on a la chance de découvrir aujourd’hui en France grâce aux éditions Casterman et à la traduction de Fanny Soubiron.

Le sujet abordé ici n’est pas simple car s’il s’agit bien de l’adolescence, on est loin de tous ces clichés d’explosions mélodramatiques et de rébellions exacerbées ou pire encore de cette écoeurante complaisance avec laquelle certains auteurs aiment à revisiter leurs propres souvenirs… Non, ici Nate Powell aborde avec beaucoup de justesse et de sensibilité les doutes, les angoisses, les troubles obsessionnels et ces minuscules moments de folies de cette période transitoire et difficile qu’est l’adolescence ainsi que le soulagement aussi trompeur qu’éphémère que procurent les traitements médicamenteux.
Quand on lit ce roman graphique on ressent une grande maîtrise tant sur le plan graphique qu’au niveau du scénario. Le dessin tout en noir et blanc est à l’image de l’histoire, fragile et tourmenté, cheminant lentement dans la nébuleuse trouble de l’adolescence. Comment ne pas être touché, à défaut de se retrouver dans ces deux frère et sœur, troublant.
L’atmosphère lourde et pesante, glauque même parfois est impressionnante. Le récit est parcouru par une multitude de petits détails, rien n’est laissé au hasard et pourtant on a une incroyable sensation de liberté, Nate Powell réussi à guider notre lecture sans pour autant nous enfermer dans le carcan de sa pensée.

Swallow me whole est le genre de récit qui fait appel à l’empathie du lecteur et dont vous ne ressortirez pas complètement indemne si vous y entrez. C’est le genre de récit qui touche les profondeurs de l’âme et qui marque pour un moment…

Je vous invite donc vous aussi à entrer dans le brouillard trouble et torturé de l’adolescence de deux jeunes enfants aux tendances schizophrènes et dissociatives. A découvrir !

On pourra également noter que Swallow me whole a reçu plusieurs distinctions en 2009 parmi lesquelles le prix Willy Eisner du meilleur roman graphique.

Par melville, le 17 janvier 2010