Tamba l'enfant soldat

 
Le pays a été ravagé par une guerre civile barbare qu ivient de s’achever et la population se retrouve divisée. Sans l’écoute, sans la compréhension et sans le pardon, les gens sont incapables d’envisager pouvoir revivre ensemble. C’est dans cette optique qu’ont été ouvertes des "Commissions de vérité et de réconciliation" : des réunions ouvertes à tous où les présumés coupables sont interrogés non pas pour être jugés, mais pour être entendus. Afin que chacun puisse s’exprimer, afin que tout soit mis sur la table pour pouvoir prendre un nouveau départ.

Les adultes ayant commis des exactions ont forcément peu de chances de susciter la pitié ou la clémence, surtout si l’assemblée est composée de membres de familles de victimes. Mais quand un enfant est "à la barre", l’approche est évidemment un peu différente et ce sera le cas ce jour-là, quand le jeune Tamba Cisso expliquera comment il a été kidnappé, enrôlé, drogué et poussé à commettre d’horribles crimes…
 

Par sylvestre, le 20 janvier 2019

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Notre avis sur Tamba l’enfant soldat

 
On pense de suite au Rwanda, mais il est question à un moment d’un littoral et d’un port. C’est peut-être la Sierra Leone ou le Liberia, alors, puisque ces pays ont eux aussi connu des guerres impliquant des enfants soldats. Non, en fait, on ne saura pas dans quel pays l’histoire se passe, car peu importe. Les lieux dans cette bande dessinée montrent l’Afrique, mais c’est un "exemple" : ils veulent en réalité représenter tous les pays dans lesquels des commissions de vérité et de réconciliation ont eu lieu. Et il y en a eu partout : en Afrique, en Asie, en Amérique et même en Europe…

L’histoire de Tamba, de Awa, d’Aceyta et des autres est une fiction, mais c’est malheureusement une histoire que beaucoup trop de pauvres gamins ont dû vivre. De sa capture à son retour à la liberté, le jeune garçon raconte tout à son auditoire ; et jusque dans les détails les plus sordides. Son traumatisme, par extension, c’est aussi celui de son peuple et de son pays tout entier, car qui dit bourreaux dit victimes, et qui dit guerre civile dit ennemis appelés à terme à devoir cohabiter. Or, on conçoit que la haine puisse ne pas être très loin quand ton voisin a été ton bourreau…

Le scénario de cette BD part de la commission dans laquelle Tamba est interrogé et c’est à l’aide de flashbacks que l’on découvre le calvaire de l’enfant qui a été enrôlé de force, armé et obligé de tuer. Paradoxalement, les scènes au présent, après guerre, pendant que se tient la commission, sont très ternes. Alors que les scènes tragiques, dramatiques, sont elles en couleurs ; et parfois des couleurs très (trop) crues.

Tamba l’enfant soldat est une bande dessinée qui nous parle de l’histoire qu’a vécue ce gamin. Elle nous parle aussi du HCR, le Haut-Commissariat aux Réfugiés, et un cahier supplémentaire en fin d’ouvrage revient un peu plus en détails sur cette entité onusienne qui oeuvre sur les lieux de conflits. C’est Marion Achard qui signe le scénario. Son parcours l’a menée entre autres en Guinée Conakry où elle fut intervenante dans des camps de réfugiés. Et c’est Yann Dégruel, qu’on connaît déjà grâce à plusieurs titres jeunesse orientés pays du tiers-monde, qui signe la partie graphique de cette BD qui nous redit, si on avait perdu ça de vue, que l’homme est un loup pour l’homme et que les guerres ont souvent de bien peu reluisantes raisons mais brisent toujours d’innombrables innocents qui ne demandaient qu’à vivre en paix.
 
 

Par Sylvestre, le 20 janvier 2019

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