TENEBRES
Ioen

Le chaos règne sur la Terre de Feu. Comme son nom l’indique, depuis l’invasion de créatures cosmiques maléfiques, le domaine du Roi Kirgräd brûle, et le vaste territoire cernant sa forteresse qui, dans des temps reculés, était florissant, n’est plus que cendres fumantes et dévastation. Que ce soit au nord, au sud, à l’ouest ou à l’est, les rapports alarmistes des généraux ne drainent plus aucun doute quant à l’anéantissement prochain du royaume. Pourtant, il y a bien l’armée du Roi Ti-Harnog, forte de deux mille hommes, qui s’est mise en route pour venir appuyer la citadelle en détresse, mais pourra-t-elle déjouer les assauts meurtriers des monstres ? Un seul espoir subsiste et réside dans une prophétie qui évoque la venue d’un chasseur doté d’une armure de glace qui pourra affronter à lui tout seul les terribles créatures. Est-il né et où se trouve-t-il ? Est-ce que Ioen, ce jeune garçon aux aptitudes sidérantes, pourrait être celui que l’on attend ?
 

Par phibes, le 30 août 2009

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Notre avis sur TENEBRES #1 – Ioen

Christophe Bec a le vent en poupe. Dopé par les nombreuses séries dont il est l’initiateur, tantôt en tant que scénariste ("Carême", "Pandemonium", "Le temps des loups", "Sarah",…), tantôt en tant que scénariste et dessinateur ("Prométhée", "Bunker T1",…) et qu’il gère en parallèle (du moins pour celles qui sont en cours) d’une main assurée, il se permet d’en créer une nouvelle aux allures hautement fantastico-catastrophiques.

Pour ce faire, il nous immerge dans un monde onirique, aux ambiances moyenâgeuses, au bord de l’apocalypse à la suite d’une invasion de monstres destructeurs qui ruinent progressivement la belle planète et éradiquent tout ceux qui y vivent. Pour contrer cet avilissement progressif, il y ajoute une prophétie qui va peut-être (rien n’est encore sûr dans ce premier épisode) se déclarer au travers d’un petit personnage dont on va faire connaissance à partir de ses exploits exceptionnels à savoir Ioen.

Si dans le fonds de l’aventure, l’on ne perçoit pas une originalité des plus flagrantes (malédiction monstrueuse + prophétie), dans la forme, l’on se laissera séduire sans contestation par l’atmosphère chaotique dépeinte avec force et énergie par le scénariste. Ce dernier a tôt fait de nous accrocher par l’évocation en puissance de ce règne du feu et de la désolation dans lequel l’acharnement de bestioles dinosauriennes vient confirmer l’inefficacité d’un royaume, perdu entre espoir et désillusion, à régler par les armes conventionnelles une telle agression. Seule semble possible la réalisation d’une prophétie récurrente évoquée dès les premières pages qui pourrait éventuellement être portée par le petit Ioen. En effet, les frasques extraordinaires de ce dernier, distillées au gré d’un séquençage habilement mis en place, laisse supposer qu’il peut être l’élu. Bien sûr, tout n’est pas dévoilé en cet épisode, (Christophe Bec en garde un peu sous le coude) et bien des questions resteront en suspens jusqu’au prochain tome.

Cet épisode est l’occasion de mettre en évidence l’immense travail d’Iko, jeune dessinateur italien au talent indiscutable. Utilisant un trait des plus réalistes, il parvient à créer un univers médiévalo-fantastique à la fois sombre et lumineux (selon si l’on se trouve sur le territoire grevé par les monstres ou dans des lieux non encore conquis), d’une beauté photographique. Ses personnages (à la Conan) sont proportionnellement convaincants, dans leurs armures sophistiquées, tout comme ses décors gigantesques rappelant ceux du "Seigneurs des anneaux" ou à certains moments d’"Alien" sont d’une richesse architecturale bluffante servie par des couleurs fort bien employées.

"Ioen" est assurément une excellente ouverture à des péripéties fantastiquement ténébreuses et efficaces qui devraient sans nul doute mettre le feu à l’avidité insatiable des amateurs de ce genre de récit.
 

Par Phibes, le 30 août 2009

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