TENEBRES
Tome 1

Une jeune femme se réveille dans un environnement visiblement hostile, qui, paradoxalement, lui procure une certaine sérénité.
Elle gît dans une flaque d’eau stagnante, entourée de murs de roche bleue. Ce pourrait être au plus profond d’un gouffre, ou dans la faille d’un canyon sinistre loin de la surface, de la vie et de tout être cher.

Elle ne sait pas s’il s’agit d’un rêve, mais une chose est sûre, c’est qu’elle est atteinte d’amnésie. Elle ignore tout de son nom, de son âge et même de son appartenance au sexe féminin, et c’est là ce qui l’effraie le plus. Qui est-elle, et où est-elle sont les deux questions primordiales qui vont accompagner sa quête à travers des corridors cauchemardesques remplis de monstres plus étranges qu’inquiétants.

Par Editeur, le 1 janvier 2001

Notre avis sur TENEBRES #1 – Tome 1

L’histoire de ténèbres, vous plonge immédiatement dans un contraste très intriguant, comment cette femme peut-elle être aussi calme et sereine dans un lieu aussi étrange et sombre? Je l’ai ensuite accompagné dans le labyrinthe de ce gouffre surréaliste. Ce qu’elle est, qui elle est, peut sembler dans un premier temps plus important que le fait qu’elle trouve la sortie. Son univers onirique, son errance, vous renvoi à votre propre reflet.
L’acte final de ce drame, s’il n’en est guère surprenant, (l’auteur sème suffisamment d’indices), n’en est pas moins percutant.

La narration me semble connaître un déséquilibre, le rythme aurait certainement gagné en efficacité si la première partie de l’errance dans les profondes dédales avait été moins développé. Le fait que Samia parle toute seule en expliquant ce qu’elle fait, m’as perturbé. En effet cette redondance entre le texte et le dessin ma paru superflue. De plus, le point de vu m’a paru trop centré visuellement sur la femme, j’aurais aimé plus de liberté , plus de délire, en fait, plus d’expressionnisme; j’aurais aimé que l’auteur exagère plus sur les allégories graphiques des sensations internes de Samia.
Néanmoins, si je m’attarde trop sur ces détails subjectifs, je passerais à côté de l’essentiel de cette histoire. Car en effet, la narration à surtout les qualités de l’innovation, elle est osée, le découpage apparemment déstructuré, amplifie les sensations éprouvées par l’héroïne. Le graphisme énergique ainsi que la technique ont un potentiel immense, je trouve presque que l’auteur ne s’est pas assez lâché dans ses débordements graphiques. J’en ai pourtant senti des prémices, entre autres dans les superbes doubles planches. Le graphisme se permet alors de superbe envolées les cadres explosent , les cadres deviennent dessins, ils prennent du sens, c’est génial.
De tous les essais d’intégration de la technologie 3d à une bande dessinée, c’est la première qui me convint réellement d’une possible cohabitation entre l’ordinateur et la BD. La « cyber touch » est complètement assumée par l’auteur, l’ordinateur ne lui sert pas « simplement » à jeter de la poudre au yeux (aspect hyper-clean) ou à faire du remplissage high-teck sur de dessin traditionnel, mais l’ordinateur EST le dessin, il EST la bd . Patrice Woolley sers de son P.C. comme d’un PinCeau est non comme d’un effet. La démarche en elle même est plus qu’à saluer, elle est à marquer d’une pierre blanche. Il me semble qu’avec ce travail, un tournant a été franchi.

L’auteur nous livre une grande fresque sombre, d’où surgi néanmoins, un certain lyrisme. Ce requiem graphique nous transporte dans les profondeurs de la noirceur Humaine sans jamais être mélodramatique, bien au contraire. C’est avec poésie, que l’on erre dans ces souterrains abyssaux.

Cet album me semble avoir les faiblesses d’un premier album, même si des détails restent à corriger, il n’en reste pas moins un album tout à fait honorable. Il me parait en tout cas bien supérieur à grands nombres de BD qui paraissent aujourd’hui. Mais il est clair, que Patrice Woolley n’as pas choisi la facilité en s’écartant des courants à la mode. Grand bien lui en fasse. Je reste persuadé qu’il vient de planter un chêne. Qu’il Continue, qu’il expérimente, qu’il mélange les techniques,qu’il cultive son arbre imaginaire et bientôt on le verra de loin.

Par FOLS, le 11 février 2005

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