TEX (MAXI)
Dans les territoires du Nord-Ouest

Repris dans sa version française par les éditions Clair de Lune, ce volumineux ouvrage de près de 320 pages donne l’occasion de réunir à nouveau deux artistes au talent confirmé, Mauro Boselli et Alfonso Font. Ayant déjà collaboré ensemble pour la réalisation de l’épisode intitulé Les assassins, ils se retrouvent pour envoyer leur personnage de prédilection, Tex Willer, grand itinérant de son état, non pas dans les régions surchauffées du Mexique et de l’Arizona mais dans l’extrême-nord américain boisé et enneigé, pour une aventure sous le signe perpétuel du grand air et des grands espaces.

Tex dans les territoires du Nord-ouest est une aventure particulièrement dense par le fait qu’elle nous entraîne dans une sorte de road-movie captivant, servi par des acteurs eux-mêmes entreprenants. A partir de l’arrivée inopportune d’un cadavre et la disparition d’un officier de la police montée canadienne, Mauro Boselli crée l’intrigue, suscitant par là de nombreuses questions et quelques appréhensions mystiques. Les réponses viendront inévitablement via l’intervention des deux complices que l’on connaît très bien (Tex et Kit) et qui vont écumer une vaste région mordante, à la recherche d’indices. Ils seront accompagnés pour cet exercice de terrain périlleux par deux autres compagnons de route, le fameux Gros-Jean et une nouvelle venue tout en caractère, la sémillante Dawn. En face, l’on retrouvera obligatoirement de la mauvaise graine de bandit qui ne manquera pas de prouver, à de nombreuses reprises, sa malveillance radicale.

L’histoire contée passe par une approche volontairement conventionnelle en cohérence avec les plus grands westerns. Poursuites, bagarres, énigme, chasse à l’homme… tels sont parmi tant d’autres les ingrédients qui composent cet épopée canadienne. Grâce à un jeu d’écriture averti et un bon lot de rebondissements, Mauro Boselli démontre qu’il met du cœur à l’ouvrage pour animer ce héros intemporel qu’est Tex. A cet égard, le travail sur les dialogues est on ne peut plus consistant et explicite.

Alfonso Font, de son côté, nous assure d’un travail également extraordinaire. L’on lui concèdera que le dessin en noir et blanc lui convient parfaitement tant la traduction des grands espaces sauvages du nord américain est réussie. Son trait est des plus réalistes, met bien en évidence la morsure du froid de l’hiver par des jeux d’ombre et des aplats de blanc explicites. Au niveau des personnages, il ne fait aucun doute que son coup de crayon dépeint superbement les visages, les attitudes, grâce à un sens du mouvement fort bien géré.

Un western remarquable, digne des plus grands classiques, à mettre au profit des deux auteurs.

Par Phibes, le 19 mai 2014