The Black Holes

2016, Gloria, Laura et Cristina ont formé un groupe de punk appelé « The Black Holes ». Cependant, les textes que leur écrit Laura sont particulièrement obscures, mélangeant poèmes gothiques et extraits de théories quantiques… Elles commencent à répéter tranquillement dans leur coin, mais doucement se glisse dans leur rêves une sorte de présence venue du passé, de 1856 plus précisément… Il y a longtemps, une jeune fille, Teresa, promise à un mariage arrangé, écrit d’étranges poèmes mêlant horreur, fantômes et loup-garous. Et même si elle n’est pas vraiment comprise par son entourage, elle continue de se réfugier dans cet univers intime, au grand désarrois de sa mère et de sa jeune sœur…

Par fredgri, le 2 août 2023

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Notre avis sur The Black Holes

The Black Holes est le premier album à paraître en France de Borja Gonzalez et c’est la découverte d’un univers plein de personnalité, qui mêle des ambiances romantico-gothiques du 17ème siècle, auprès d’une jeune fille qui refuse sa condition, et des passages se déroulant au présent, dans les pas d’une troupe de trois jeunes ados qui montent leur propre groupe punk.

A priori le mélange a de quoi surprendre, mais l’auteur dose parfaitement les interconnections entre ces deux temporalités, même si on n’a les clés de compréhension que dans la dernière partie.
Alors oui, on évolue au fur et à mesure dans une sorte de récit régulièrement ponctué de mystères, voire même quelque peu cryptique, mais j’aurais envie de dire que c’est justement ces non-dits, cette part de l’intrigue qu’il faut accepter de lâcher en se disant qu’on aura à un moment les réponses qu’il faut, qui font partie de la fascination qui émane de ce magnifique album. Il faut juste se laisser porter par ces séquences qui créent progressivement un récit à deux voix captivant et addictif.

Toutefois, ce scénario est littéralement transcendé par le travail graphique de toute beauté. Borja Gonzalez construit un album ou le langage visuel est tout aussi important que les mots. Ses cadrages sont très précisément réfléchis, n’hésitant pas à alterner des cases silencieuses, des scènes complètement décentrées avec une prépondérance de noirs, allant même jusqu’à carrément ne pas dessiner d’expression aux personnages.
Tout se joue donc sur un équilibre minutieusement pensé qui se répercute de page en page, donnant faussement l’impression qu’en fin de compte tout n’est que jeu graphique. On sent que Gonzalez a bien lu Mignola et tous ces artistes qui usent de la lumière, des ombres comme des masses harmonieusement disposées, qu’il en a tiré des leçons pour affiner son propre langage.

Dès les premières pages, on devine qu’il va falloir dorénavant surveiller de très près la carrière de Borja Gonzalez.

Vivement recommandé.

Par FredGri, le 2 août 2023

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