The Blue Flame

Sam Brausam est réparateur de chaudière le jour. Après le travail, il rejoint ses amis justiciers de La Brigade Nocturne et redevient le Blue Flame pour aller, ensuite, patrouiller dans les rues de Milwaukee, afin d’aider la police. Les gens l’admirent, le saluent dans la rue, ils lui sont reconnaissants d’être là, avec ses collègues et de les protéger…
Mais, un jour, alors qu’ils sont présents à une soirée en leur honneur, un inconnu surgit, une arme à la main et tire sur tout le monde. Désormais seul rescapé, Sam doit apprendre à vivre la vie d’un homme simple, loin de ses rêves, avec ses deux béquilles. Quand la presse révèle qu’il était le Blue Flame, l’évidence de sa vie de loser lui est insupportable, il sombre dans l’alcool…

Par fredgri, le 14 juin 2023

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Notre avis sur The Blue Flame

Dès les premières pages, le lecteur comprend qu’il va devoir alterner sa lecture entre deux récits bien distincts l’un de l’autre, avec au centre, le trauma que subit Sam Brausam, après qu’il ai perdu ses amis suite à un violent attentat meurtrier dont il est le seul survivant.
Désormais, cette mission de justicier qui était au centre de sa vie jusque-là, qui lui donnait véritablement une raison de vivre, lui est brutalement volée, alors qu’en même temps, ce secret qu’il gardait précieusement est révélé au grand jour. Progressivement, il glisse dans une profonde dépression, doutant de lui, de tout ce qui l’a amené au fur et à mesure à faire ses choix. Il s’imagine alors menant une hypothétique mission imaginaire, ou il doit plaider la cause de l’humanité lors d’un procès à dimension cosmique devant le Tribunal du Consensus.

Avec ce double fil narratif, Christopher Cantwell complexifie la lecture. On se demande si l’on est vraiment dans un comics de super-héros, dans l’espace, à l’exemple de Adam Strange, si tout ça n’est pas un rêve, une métaphore… ? Après tout, Sam s’imagine le dépositaire d’une mission qui le dépasse par ses enjeux interplanétaires, représentant d’une humanité très contrastée dans ses excès. Il peut ainsi se couper de cette réalité où il n’a finalement plus sa place, condamné à vivre au crochet de sa sœur enceinte et son compagnon Mateo.

Le scénario s’intéresse à un phénomène de société que l’on connait assez peu en France, les RLSH (Real Life Super Heroes), ces inconnus qui se transforment en justicier urbains, afin de sillonner les rues, déguisés comme leurs modèles de papier. Ils aident ainsi la police en faisant régner leur propre justice, légitime ou non. A l’exemple de ces nombreux héros de comics, ils se construisent une nouvelle identité, un nom de code, une cause à défendre…
The Blue Flame c’est surtout le portrait d’un homme torturé qui fait douloureusement le point sur sa vie, sur ses repères qui le transcendaient, et sans lesquels il n’est plus rien, juste un gars qui glisse dans l’alcool, amer et désillusionné. Cette vision d’une dégringolade, accompagnée d’une recherche de repère dans un ultime fantasme existentiel donne toute la profondeur à l’album. Sam s’imaginait être davantage que le banal Sam Brausam, il pensait que quelque part l’attendait une ultime mission qui verra le sort de la Terre entre ses mains.

Malgré tout, Cantwell donne autant d’espace aux scènes « spatiales » qu’à l’étape « Born again » que traverse Sam dans la réalité. Cet équilibre l’amène à répéter ses arguments, presque de manière redondante. Forçant ainsi la démonstration et le pathos du chemin de croix que traverse le héros. D’un autre côté, il se focalise beaucoup sur Sam lui-même, en oubliant souvent d’approfondir les autres caractérisations, exceptés Dee et Matéo, peut-être.

Graphiquement, c’est aussi une belle lecture. Les dessins sont expressifs et dynamiques, malgré une facture des plus classiques.

Très conseillé.

Par FredGri, le 11 juin 2023

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