The Dark Knight Returns

(Batman, the Dark Knight Returns 1 à 4)
Depuis 10 ans, Batman a soudainement disparu, laissant Bruce Wayne prendre sa retraite, loin de sa vie de justicier, des toits de la ville à parcourir, tout à ses loisirs et ses petits rendez-vous avec son ami le commissaire Gordon ! Cependant, il ne peut que se rendre compte que Gotham sombre de plus en plus dans la violence, avec notamment l’émergence des gangs de mutants qui font régner la terreur et qui menacent sans cesse les autorités, et plus particulièrement Gordon. Persuadé d’être le seul à pouvoir changer les choses, Wayne rendosse les collants de Batman et se lance dans une guérilla contre les mutants.
Cependant, ce retour a aussi des effets pervers, ils réveille les instincts psychotiques de Double face ou du Joker qui sortent de leur léthargies, alors qu’ils étaient traités dans un hôpital psychiatrique géré par Wayne lui même. La violence éclate alors de plus belle, tandis que les média accusent Batman d’être le responsable de cette soudaine escalade. Le débat se porte sur le plan politique et Batman est très vite dépassé par les évènements, peinant à simplement rester intègre, tandis que le président décide d’envoyer Superman pour s’occuper de son vieil ami… !!!

Par fredgri, le 28 mars 2019

Notre avis sur The Dark Knight Returns

Cette nouvelle édition (alors que Dark Knight est très régulièrement réédité, ne l’oublions pas !!!) permet de biens se rendre compte, avec du recul, de l’incroyable travail de Miller qui va, non seulement, refaçonner le mythe de Batman, mais aussi le recadrer en s’interrogeant sur son impact sur le monde qui l’entoure.

Car il n’est pas seulement question, ici, du super-héros, mais bel et bien de son action, de ses idéaux et de l’image qu’il dégage. Batman devenant bien plus un symbole absolutiste d’une certaine justice sans concession, sans règles, faites uniquement de principes, d’une certaine idée de la justice…
On suit alors le reflet de ses actes dans les médias qui se posent des questions sur sa légitimité, qui se demandent, assez pertinemment si en effet, comme l’affirme ce pseudo psychiatre, le "vigilante" ne ferait pas partie intrinsèquement du problème, de son essence.
Et je trouve ce débat, finalement, très actuel. Quand on se sent désarmé devant l’inefficacité d’un système qui n’est plus à l’écoute des problèmes, qui ne pense qu’en terme de privilège, ne doit-on pas réagir ?
Miller oppose alors deux solutions opposées. D’une part, le dialogue et la compréhension (présentés ici comme des voies sans issue, avec des "vilains" qui retrouvent malgré tout, devant le stimuli médiatique qui placarde sans cesse l’image de l’homme chauve-souris, leurs instincts) à la violence la plus sourde, la plus expéditive.

Batman ne se rend simplement plus compte qu’il fait partie d’un ensemble d’éléments et que son image finit par complètement lui échapper, transformant son combat contre l’injustice en véritable guérilla contre l’autorité, teintée d’actes expéditifs et ultra violents !

Batman est-il donc dorénavant un personnage dépassé ?
Pas vraiment, car il survit grâce justement à ses idéaux, à son intégrité, quitte à tout sacrifier, pourvu que l’idée reste et qu’elle inspire ceux qui ont encore la flamme ! D’où le combat contre Superman, dernier rempart super héroïque qui a vendu tous ses principes pour se mettre au service d’un pays impérialiste et interventionniste, avec le seul réconfort que ce "sacrifice" aura permis à ses anciens amis de ne plus être persécutés… Mais cette assimilation était-elle la solution ? Ne signifiait-elle pas qu’il n’y avait dorénavant plus de combat, qu’il fallait désormais se résigner et accepter en courbant l’échine ? Lui qui était jadis l’exemple d’une certaine forme d’héroïsme social, il est devenu une machine capitaliste ultime !
Là encore, une idée qui rebondit sur l’actualité, qui résonne avec les grands débats actuels !

En observant ainsi l’essence de son personnage, en le repositionnant vis à vis du monde qui l’entoure et en revenant aux bases de ce qui le constituait jadis, Miller extrait Batman de son simple rôle de justicier en le transcendant pour de bon. Il n’est plus seulement un personnage, il devient une idée qui se glisse partout, qui remodèle une société, qui pousse des ex-super vilains à revenir vers ce qu’ils n’ont finalement jamais cessé d’être.

Miller intercale donc plusieurs pistes narratives. On voit des extraits de témoignages de quidams, des séquences ou des inconnus tuent d’autres inconnus… C’est extrêmement complexe et profond et l’on comprend, une nouvelle fois, très bien l’impact qu’a pu avoir cette mini-série sur les comics et la bande dessinée dès sa parution.

L’écriture de Miller est sèche et évocatrice en même temps. On sent bien que ça vient des tripes, d’une certaine rage contenue absolument fascinante. Mais le portrait que brosse l’artiste est tellement riche en question que l’on ne peut qu’y voir ce que le personnage est devenu depuis !

Graphiquement, Miller retrouve son compagnon de route sur Daredevil, Klaus Janson et sa compagne coloriste Lynn Varley. Ensemble, ils livrent des planches absolument sublimes, d’une incroyable force !

Une œuvre qui reste encore visionnaire. Si, étrangement, vous ne l’avez pas encore lu, je vous conseille vivement de redécouvrir ces planches d’anthologie, monuments du 9ème art !

Indispensable !

Par FredGri, le 28 mars 2019

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