The girl from Ipanema

« The girl from Ipanema » pourrait être une de ces chansons que l’on fredonne, mélancolique, en souvenir d’une fille disparue, d’une vieille histoire.

Mais cet album ne laisse pas de place aux sentiments, à la mémoire. C’est le récit assez froid d’une enquête au sujet d’un meurtre qui tourne au massacre. Yves H. se lance dans un exercice de style qui se veut plus littéraire que véritablement scénaristique.

En soi, cette démarche est parfaitement louable car elle permet d’amener une sorte de recul, un regard plus profond sur des situations, mais pour le coup la taille de certains textes gène vraiment la lecture d’une planche, le scénariste allant carrément jusqu’à éluder des scènes visuellement au profit d’une longue description. On en vient à se dire que les auteurs auraient parfois du carrément prendre le parti de faire des pages illustration/texte ça aurait été plus efficace. Car même si l’on entre bien dans cette histoire cet aspect narratif, littéraire inscrit directement cet album dans un registre plus « feuilleton » ou un gars nous raconte presque banalement le long récit d’une enquête somme toute assez banale, mille et une fois vue dans des films ou des romans policier de gare !

Alors, evidemment cet album est très agréable à lire, globalement, on se prend assez rapidement au jeu de cette lecture, il n’y a aucun suspence car tout nous est dit dès le début mais c’est assez prenant de suivre ce flic dans sa quête de la vérité (d’autant que la fin est assez destabilisante, en fait !). Yves H. maîtrise bien le rythme de cette intrigue, il nous mène au fil des rebondissement là ou il veut, on ne s’attend pas toujours aux détours pris par le scénario et c’est ce qui rend finalement ce « Girl from Ipanema » assez réussi !

Mais le principal intérêt c’est encore et toujours le coup de patte de Hermann qui travaille une nouvelle fois avec son fiston ! Les atmosphères sont vraiment exceptionnelles, presque palpables, on en vient à regretter que les pavés de textes enferment quelque peu les cases et semblent les empêcher de respirer, dommage !

Sans être un truc inoubliable, cet album n’en demeure pas moins un bon moment de lecture, parfois un peu lourd, mais en tout cas superbement exécuté !

Par FredGri, le 7 avril 2005