THORGAL
Le bouclier de Thor

Le virage scénaristique opéré depuis le tome précédent "Moi, Jolan" (n° 30), a propulsé aux premiers rangs le fils aîné de celui qui, il y a peu, se démenait dans de multiples aventures, Thorgal. Ce jeune homme, digne successeur de son père, poursuit par obligation sa destinée à la limite du monde des humains et de celui des divinités. Faisant tampon entre ces deux univers que sont Mitgard et Asgard, l’Entremonde se révèle à nous, endroit désolé et peuplé d’êtres chimériques et de laissés pour compte, régi par un individu masqué au passé déchiré. C’est donc dans cette dimension que l’on retrouve le jeune Jolan, manipulé par un maître de la magie rouge.

Fort d’une méthode qu’il appréhende avec succès (il a déjà repris la série "Blake et Mortimer"), Yves Sente signe là son deuxième album dans cette superbe saga d’héroïc-fantasy, ambiance viking. Pour ce faire, il sollicite encore plus Jolan, sans oublier pour autant celui qui s’est affiché grassement pendant 29 épisodes, en le faisant traverser une nouvelle épreuve. Ainsi, le scénariste manœuvre ses personnages d’une manière qui tend à prouver que le monde onirique créé par son prédécesseur, Jean Van Hamme, n’a plus de secret pour lui.

Aussi, il n’hésite pas dans cet opus à mener de front deux péripéties, certes liées par un embryon de destinées, qui, de façon alternées, vont nous faire vibrer au rythme d’une quête peu violente. Aniel et Jolan sont sur la brèche au regard d’un côté des manigances de la confrérie de la Magie Rouge et de la sorcière Mahara, et de l’autre, le Maître Rouge lui-même et ses envies de vengeance semble-t-il.

Cet épisode remonte plus loin dans le passé de Manthor et nous permet de cerner d’avantage ce personnage reclus et énigmatique. Par ailleurs, il fait encore une fois étalage des capacités d’observation et de déduction de Jolan (héritées de son père) dans une énigme rondement menée.

Grzegorz Rosinski a le don d’ébahir par ces admirables dessins en couleurs directes. Le travail est extraordinaire, sophistiqué, d’un réalisme convaincant. Il y a de la douceur dans les visages juvéniles mais aussi de la violence caractérisée. On se laisse voguer dans les innombrables décors fantastiques et intrigants aux ambiances à la fois inquiétantes et attrayantes.

Il est à noter en parallèle de cette édition, une version collector de cet ouvrage comportant un magnifique portfolio et six Ex-libris.

Par Odin, Jolan est de retour pour notre plus grand plaisir et va nous prouver, par l’intermédiaire de ses pères adoptifs, qu’il détient les clés d’un succès éternel.

Par Phibes, le 19 novembre 2008