Thumbelina

Cet album atypique saura ravir les petits et grands, quel plaisir de redécouvrir un conte dont l’interprétation est bien loin des histoires édulcorées et appauvries de notre époque. Cet ouvrage bilingue ne fait pas de concessions, et laisse la part belle à un conte qui respecte la vraie tradition, tout en lui redonnant modernité et fascination.

Les illustrations magnifiques sont ourlées de nombreux détails et formes géométriques qui ne sont pas sans rappeler l’art nouveau, et même les hypnotiques mandalas dont les formes se répètent à l’infini. Chaque page dévoile une nouvelle illustration, une nouvelle oeuvre d’art, et le fond se mêle parfaitement à la forme, tant le texte et les illustrations fonctionnent de pair. La recherche chromatique très poussée propose un kaléidoscope fascinant qui ouvre sur la nature, avec une belle mise en place des quatre saisons. Nous découvrons tout ceci par les yeux de Poucette, pour qui une fleur est un abri, et une feuille de menthe une couverture.

Il faut souligner que ceci est un ouvrage bilingue, et la langue de belle qualité – en français ou en anglais – nous transporte dans un univers aussi fabuleux qu’il est effrayant. C’est là tout l’art de Ciou, de mêler de manière intime de magnifiques poupées aux grands yeux, et des éléments presque cauchemardesques. L’ouvrage culmine donc en une symbiose parfaite où l’on oscille entre le beau rêve, et la dure réalité, tout comme Poucette doit faire face aux biens réels dangers de la vie d’une femme brutalement plongée dans le monde réel.

Cet album est une belle réussite, c’est un ouvrage singulier, qui mérite lecture et relecture pour en apprécier toute la subtilité. Rafraichissant et onirique, avec cet album, les auteurs ont réussi la prouesse de marier en parfaite harmonie la réalité – la peur, la faim, la mort – et la beauté terrible de ce conte.

Par Clémence, le 22 février 2016