Tintin et le secret de la littérature

 
Tintin et le secret de la littérature
est un essai écrit par l’Anglais Tom McCarthy. En 250 pages, celui-ci prend l’œuvre majeure de Hergé et la désorganise pour nous proposer une comparaison de sa structure avec celles d’œuvres littéraires d’autres auteurs, plus "classiques".
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

Notre avis sur Tintin et le secret de la littérature

 
Un ouvrage de plus sur Tintin, c’est du bonheur pour les tintinophiles et une occasion nouvelle de continuer le plaisir de la lecture relative à cet univers incomparable qu’est celui du plus célèbre des reporters !

Avec ce titre signé Tom McCarthy, les éditions Hachette Littératures font coup double : elles ont sorti également au mois de novembre 2006 l’essai intitulé Hergé – Tintin le terrible et l’alphabet des richesses.

Bien plus épais que ce dernier, Tintin et le secret de la littérature est néanmoins une lecture plus abordable, plus grand-public : les tournures de phrases sont moins lourdes, moins complexes, sans pour autant que l’auteur s’interdise de puiser dans un riche vocabulaire.

Le livre est morcelé en sept chapitres. Le premier pose la question : "Qu’est-ce que la littérature ?" La réponse point dans les réflexions de l’auteur qui fait l’exercice de retrouver dans les aventures de Tintin des constructions de récits qu’il a observées dans les œuvres de grands écrivains romanciers. Des comparaisons vont ainsi être faites tout au long de l’ouvrage, révélant (?) des sources d’inspiration qu’a pu avoir Hergé ou échafaudant des hypothèses pour s’approcher de cette volonté de révélation.

Le second chapitre s’attache à nous montrer Tintin comme un "lecteur de signes" ; signes que nous, lecteurs, ne voyons pas, nous laissant berner par la composition des planches et des textes. La lecture avec un grand L est au cœur du livre : McCarthy nous décode Tintin à sa façon !

L’auteur développe ensuite ses analyses de l’œuvre de Hergé en se focalisant sur les outils de communication présents dans les histoires. Il revient aussi sur des thèmes comme l’effacement, la disparition, qui sont des composantes "refrains" des albums de Tintin. Il met en lumière aussi la notion de divin que l’on peut y trouver, l’importance de la joaillerie, l’utilisation de la mort ou de tout ce qui peut être comparé à des tombeaux cachés, des endroits où des trésors restent à trouver… Une étude des noms est à l’ordre du jour, aussi, diluée sur la totalité de l’essai. Les thèmes de l’ironie, du gag, de la chute, du faux (faussaires, faux-monnayeurs, etc…) seront aussi abordés, avec tout ce que ça implique, ce que ça peut cacher et ce que ça peut nous apprendre sur Tintin et son créateur.

Un chapitre élégamment (!) nommé "Le clitoris de la Castafiore" est aussi au menu : l’auteur liste à qui veut bien les trouver tous ces indices à connotation sexuelle qui sont semés dans les aventures de Tintin, ce héros dont tout le monde s’accorde pourtant à dire qu’il n’a aucune identité sexuelle…

Plusieurs passages reviennent eux sur des thèmes plus sujets à polémique : la famille de Hergé, son attitude pendant la guerre et sa culpabilité qui transparaîtrait d’après McCarthy dans les relations entre les personnages de ses BD. Sur ses idées politiques, aussi, laisseront la place de plus en plus à une idéologie de l’amitié…

Enfin, le dernier chapitre nous touche mot des versions pirates ou détournées – passerelle toute trouvée pour nous parler un brin des droits sur l’œuvre de Hergé.

Tout cela, résumé ici un peu à l’emporte-pièce, est écrit avec de constantes références aux œuvres littéraires de nombreux auteurs parmi lesquels les plus souvent nommés sont Roland Barthes, Freud et Baudelaire.

Tintin et le secret de la littérature est comparable à la conversation qu’on pourrait avoir avec tout passionné : en fait de conversation, la communication devient plus un monologue dudit passionné ! Mais c’est avec un style tant dynamique que McCarthy nous expose sa vision des choses que l’on est captivé par sa lecture de Tintin et que l’on a envie de rouvrir les albums une fois de plus pour faire le point sur tout ce qu’il vient de nous "dire" !
 

Par Sylvestre, le 5 décembre 2006

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