TITEUF
Nadia se marie
Titeuf est bien décidé à inviter Nadia à sortir. Une boom approche et il ne peut pas se permettre de perdre la face : il a même parié sa playstation qu’il était capable de sortir avec elle…
Mais voilà, trois problèmes se posent :
– ça veut dire quoi « sortir avec » ?
– comment on fait ?
– et surtout : qui est ce mystérieux jeune homme qui accompagne Nadia partout. Ne voudrait-on pas, comme en Afrique, la marier de force ? Titeuf doit réagir…
Par TITO, le 1 janvier 2001
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Notre avis sur TITEUF #10 – Nadia se marie
Aujourd’hui, ZEP crée l’événement avec la sortie du 10eme tome des aventures du turbulent TITEUF…
Briefing de la rédaction de sceneario.com, 26 août 2004, 6h30 (nous sommes matinaux chez sceneario).
Rédac chef : « Bon les gars on m’informe que RTL fait un papier sur la sortie de Titeuf. Il faut qu’on soit sur cette actu »
(silence gêné des rédacteurs)
Rédac chef : « Allez, soyez sympa, je sais que Titeuf c’est pas forcément votre truc, mais si ça se trouve ça peut vous plaire… Bon qui se décide ? »
Après quelques hésitations, me voici désigné pour aller acheter Titeuf et en faire une chronique. Un peu pressé aujourd’hui (c’est pas ce qu’on croit la vie de rédacteur sur sceneario.com), je décide de faire une exception à mes principes et de passer l’acheter au supermarché. Difficile de rater l’événement : une pile (que dis-je : un cube de 4 piles de BD sur 4, soit au bas mot 250 exemplaires ! Pour un supermarché du fin fond du Doubs…) rose flashi de BDs avec quelques marmots hurlant à côté lorsque leurs parents essayent de les en extraire sans avoir pris le soin de mettre le sésame dans le caddie. Mauvais point : je déteste ce genre de piège commercial.
Prenant mon courage à deux mains et prenant le soin de dissimuler mon visage aux caméras de surveillances (je suis connu dans le quartier), je me glisse dans un rayon annexe pour feuilleter le bouquin. Premier problème : j’explose de rire à la troisième page. Arg, ça n’était pas prévu !.
Je décide donc d’acheter le best-seller. Pour éviter la risée, je le glisse entre le dernier Stryge et un Sfar et je file lire ça dans ma voiture.
Et là impossible de décrocher…
Ce tome n’est pas comme souvent au format « strip d’une page ». Il s’agit d’une histoire complète, plutôt bien ficelée. S’y enchevêtre la conquête de Nadia à arracher aux griffes d’un étranger, la découverte de ce qu’est « sortir avec une fille » et un parallèle avec l’histoire des parents, où Titeuf découvre que eux aussi ont un passé.
Le dessin est vraiment bien ficelé. En écoutant Zep sur RTL, parlant de l’évolutivité de son trait, je me suis dit « il en rajoute un peu le bougre ». Et finalement en comparant aux premiers on voit une évolution, une certaine maturité. Zep se paie le luxe d’évoluer, alors qu’il pourrait expédier chaque histoire comme un XIII, « de toute façon il y aura toujours des gens pour acheter »… Je comprends mieux le pourquoi du grand prix. A travers cet album, transparaît un auteur qui sait faire sa place entre l’exigence des ventes de best-seller et une satisfaction personnelle évidente.
Mais surtout : c’est vraiment drôle…
Car c’est bien là ce qu’on attend de ce type de BD : qu’elle vous fasse rire. Et celle là est bourrée de très bonnes idées. Des représentations de titeuf en spermatozoïde, des fresques délirantes, un passage façon « Norbert l’imaginaire », des gags à chaque ligne… Et certainement parce qu’il a senti que ce fil s’éventait, les excentricités linguistiques, si elles restent le fonds de commerce des personnages de Titeuf, s’effacent un peu au profit d’un bon sens du gag. Encore plus fort, ces gags sont associés à un scénario bien ficelé (se payer le luxe d’un flash back dans une BD pour ado quasi illettrés, c’est beau !) et le tout révèle une très grande maîtrise.
Voici donc un achat que je ne regrette pas, et qui m’aide à comprendre le choix d’un jury comme Angoulême. Zep montre qu’il est possible, à l’instar d’un Peter Jackson ou d’un Jeunet pour le cinéma, de faire des BDs très grand public avec une certaine exigence dans la qualité de l’écriture et qu’il est possible d’oser sortir d’un format précablé. Beaucoup d’auteurs devraient suivre un tel exemple dans le monde de la BD où « grosse production » rime quasi systématiquement avec « travail bâclé »…
Par TITO, le 26 août 2004
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