Toajêne

Dans un milieu touffu de l’infiniment petit, un micro-organisme à effigie humaine arpente une drôle de végétation tout en s’adonnant à des calculs savants. Dépité par ses congénères qui n’arrivent pas partager son érudition et son questionnement, il se noie dans un ennui mortel. Un jour, il est attiré par des voix d’une grande puissance. Remontant à leur origine, il se rend alors spectateur d’une scène anthologique entre Johnny Weissmuller et Maureen O’Sullivan issue du film de Tarzan. Totalement ébahi par ce qu’il voit, envouté par la beauté de l’actrice et reprenant l’échange à sa sauce, il parvient grâce au cri emprunté à Tarzan à attirer tous les micro-organismes qu’il côtoie. A la suite d’une expérience scientifique, il est découvert par le professeur Krass qui voit en lui l’occasion de libérer l’humanité d’un microbe qui fait disparaître les visages. Surnommé Motarzan, le micro-organisme est exposé sur la place publique et atteint une énorme popularité. Mais ce dernier n’aspire à une seule chose, celle de trouver son âme sœur, Toajêne.

Par phibes, le 25 août 2020

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Notre avis sur Toajêne

Plutôt versé dans le dessin animé, Bruno Bozzetto fait pour la deuxième fois une incursion dans l’univers du 9ème art. Après donc MiniVip & SuperVip, il retrouve son acolyte Grégory Panaccione pour une nouvelle histoire complète qui a la particularité de partir sur des chemins fantastico-burlesques.

Après un départ que l’on peut caractériser d’étrange, générant assurément un questionnement intense, on découvre que le personnage qui va animer la quelque centaine de pages est un petit organisme vivant à la frimousse humaine et capable de communiquer et même de compter. Cette bizarrerie vient toutefois prendre des chemins un peu plus cartésiens lorsque notre microbe tombe en hébétude devant l’apparition d’une scène de cinéma qui va changer totalement sa destinée.

Il ne fait aucun doute que ce récit vaut pour sa drôlerie et également pour son côté mélodramatique. Bruno Bozzetto parvient avec subtilité à nous attendrir sur ce petit être qui, amoureux d’une célèbre comédienne, va faire espérer toute une planète. A partir d’une structure scénaristique bien chapitrée, on suit Moatarzan dans sa quête passionnée qui bien sûr va être ponctuée par de nombreuses surprises à partir de sa rencontre avec le scientifique Krass. Evidemment, le drame a sa place, mais se veut compensé par des tribulations microbiennes où le cocasse prend toute sa dimension, à commencer par le béguin pour Toajêne et l’aveuglement des humains jusqu’à un final inattendu.

Grégory Panaccione renoue avec ce style semi-réaliste qui lui convient parfaitement. Se rappropriant les traits de ce petit personnage que l’on a pu apprécier dans Âme perdue, il parvient sans difficulté en nous embarquer dans son univers pictural cette fois-ci en noir et blanc. A la faveur d’un coup de crayon sans gros effet, Moatarzan devient un microbe réellement émouvant que ce soit dans ses expressions amoureuses ou dans son désespoir. La poésie prend ses marques aux côtés d’une fantaisie pleinement rafraichissante.

Une excellente histoire qui vaut pour son originalité, à la fois rocambolesque et émouvante à découvrir urgemment.

Par Phibes, le 25 août 2020

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