Toubab or not Toubab

 
Le jeune Hondo était chargé de la surveillance d’un troupeau de dromadaires dans son désert mauritanien mais n’a pas pu, un jour, le protéger, le perdant lors d’une terrible tempête de sable.

Avait-t-il rêvé cette histoire, ou a-t-il fui ses responsabilités en mettant de la distance entre lui et ceux à qui il était redevable ? Le fait est que peu après, il a repris ses esprits loin de chez lui, au cœur d’Abidjan où, sans repères, il est d’abord tombé entre les mains de trafiquants d’organes avant de faire d’autres rencontres tout aussi épiques, avec par exemple un drogué ou un ancien enfant soldat…
 

Par sylvestre, le 17 septembre 2012

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Notre avis sur Toubab or not Toubab

 
C’est un drôle de portrait de l’Afrique et de l’Africain qu’a dressé dans son livre Toubab or not Toubab l’auteur Jean-Claude Derey, portrait nous déroutant sans doute parce que l’on voit, dans ce récit, grâce aux yeux du jeune héros orphelin Hondo qui lui-même découvre une Afrique peu engageante qui est à lui aussi étrangère et hostile. Après une mystérieuse transition entre son désert mauritanien et la capitale ivoirienne où il ouvre les yeux sous les coups d’un policier peu commode, Hondo va en effet aller de rencontre en rencontre, toutes aussi flippantes les unes que les autres, côtoyant tour à tour des individus à qui l’on n’aimerait pas confier son destin : des voleurs, des assassins, des prisonniers et autres gens peu fiables…

Texte fort mettant à l’honneur les ambiances des bas-fonds des grandes villes africaines et les relations entre les différents types de hères qui les hantent, Toubab or not Toubab est aujourd’hui adapté en bandes dessinées dans la collection Rivages/Noir des éditions Casterman, nous offrant une plongée (cette fois graphique) dans un univers dans lequel on n’a, comme Hondo, aucun repère. Au point de se demander parfois où se trouve la limite entre la réalité et le cliché, voire entre le respect et l’irrespect des sujets et des personnes, question que l’on balaye cependant d’une main quand on sait que c’est un Béninois, Hector Sonon, qui met en images l’adaptation signée elle par Mathias Mercier.

Un dessinateur africain à la réalisation des planches de cette BD est une bonne chose. Plus qu’un autre, Hector Sonon doit en effet pouvoir avoir un regard juste sur certaines choses, certains personnages ou certaines situations que Derey a décrits dans son roman. Son style de dessin, qui doit beaucoup aux couleurs choisies par Damien Raymond, sait quant à lui servir tour à tour l’innocence d’un Hondo débordé par la situation et l’agressivité des tuteurs que celui-ci va, faute de mieux, fréquenter.

L’Afrique de Derey est dans l’impasse : les gens y tuent, y volent, s’y droguent ou y sont corrompus jusqu’à la moelle. Comme si tout un continent sombrait, sans aucun espoir. Ce n’est heureusement pas la réalité ; c’est néanmoins un contexte parfait pour ce type de récit sombre et pessimiste proposant au lecteur une brochette d’épisodes tous aussi "hauts en noirceur" les uns que les autres !
 

Par Sylvestre, le 17 septembre 2012

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