Tourne disque

En 1930, répondant à l’invitation de son neveu Lucien, le violoniste de talent Eugène Ysaye s’est envolé pour l’Afrique et plus particulièrement pour le Congo Belge. Accompagné par Henri, son stradivarius qu’il ne quitte jamais, il atteint sa destination non sans avoir contracté un torticolis douloureux. Sa venue faisant la joie du gouverneur local qui espère le voir jouer, le musicien découvre la demeure coloniale de son neveu situé sur les bords du lac Léopold II et par là, les charmes de l’Afrique. Eugène fait alors la connaissance inopinée d’un des serviteurs de la maisonnée, un autochtone qui a la particularité d’être affecté à une tâche bien précise, celle de passer de la musique, et qui se nomme Tourne-disque. A son contact, le virtuose va découvrir l’Afrique et partager, en frères de sons, une passion qui leur est propre.

Par phibes, le 23 mai 2014

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Notre avis sur Tourne disque

L’on pourra le concéder facilement, Zidrou est un artiste qui est loin d’être en panne d’idées. Force est de constater que, rien que pour ce premier semestre de l’année 2014, il aligne au compteur pas moins de 6 albums (Boule à zéro T3, Marina T2, La Mondaine T1, Rosko T1, Tamara T12 et le présent) et ce, dans des registres très différents de l’humour juvénile à thriller violent en passant par la chronique sociale, le tout dans une qualité remarquable toujours constante.

Tourne disque est une histoire complète qui met en scène un personnage illustre, Eugène Ysaye, violoniste belge de talent disparu en 1931. Loin de réaliser un récit biographique sur cet artiste, Zidrou et Raphael Beuchot ont préféré introduire ce mélomane averti dans une petite aventure extraterritoriale. De fait, ils l’ont imaginé faire un voyage en Afrique et par ce biais, lui faire faire une rencontre marquante.

C’est dans une simplicité scénaristique toute particulière que l’on suit le virtuose Ysaye. Le périple de ce dernier nous donne d’une part, l’occasion de découvrir sans effusion, presque tranquillement, l’atmosphère de cette Afrique coloniale de 1930, dans une évocation pleine de sensibilité, de chaleur, d’exotisme enchanteur. On se laisse absorber par la générosité du personnage, par son regard empli d’humanité, par ses discussions pleines de sagesse, sous le couvert de nombreuses références historiques et culturelles (nombre d’écrivains et musiciens sont cités éphémèrement). D’autre part, et c’est le motif de cet ouvrage, Eugène est confronté à Tourne-Disque, un autre personnage clé, qui va susciter la surprise de par ses fonctions très spéciales au sein de la maisonnée coloniale et également de par sa personnalité exceptionnelle qui va marquer à tout jamais le violoniste. A ce titre, Zidrou cultive parfaitement et simplement le charisme de Tourne-Disque, là aussi dans une bienfaisance qui donne chaud au cœur et qui se poursuivra jusqu’à la fin.

Côté dessins, Raphael Beuchot qui retrouve pour la deuxième fois Zidrou (après le Montreur d’histoires) nous assure d’un travail clair, précis et d’un exotisme enchanteur. Le continent africain des années 30 lui donne l’occasion d’étaler son talent dans de nombreuses planches intégrales colorées, via des panoramas remarquablement exécutés. Pareillement, l’artiste sait, à l’instar de son associé, jouer la fibre émotionnelle, exécutant des personnages à l’effigie simple, caractériellement généreux.

Une belle histoire sous les tropiques placée sous le signe de l’humanité et de l’exotisme, menée par deux artistes qui ont trouvé la matière pour marquer les cœurs.

Par Phibes, le 23 mai 2014

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