Tous nos Étés

L’oncle Albert veut revendre ses parts de la maison familiale pour rejoindre son fils aux États-Unis. Cependant, cette maison, c’est le refuge pour tous depuis des années, pas loin de la plage, chaque mètre évoque des souvenirs pour les uns et les autres qui y ont grandi, joué depuis qu’un jour, en 68, les grands parents ont décidé de l’acheter. Ainsi, ils se disent que c’est l’occasion pour passer quelques jours, tous ensemble, une dernière fois.
D’autant que Julie, qui est enceinte, vient de perdre son mari, qu’elle peine à sortir de son deuil… Retrouver ses oncles et tantes, son frère, sa cousine, ça ne pourra lui faire que du bien… Petit à petit, ils arrivent, s’installent et commencent à profiter de la mer, tout en se souvenant de tous ces Étés, leurs Étés…

Par fredgri, le 24 juin 2024

Publicité

Notre avis sur Tous nos Étés

Si on regarde ces vieilles photos familiales, on peut certainement tous y retrouver un jardin où nous aimions jouer au foot avec des cousins, s’asseoir pour discuter avec les adultes, où nous regardions grandir les enfants qui se reflétaient dans les yeux sourire des grands parents. Il y a forcément un lieu qui évoque l’histoire de la famille, le bien être, l’apaisement à l’ombre…
Avec cet album, Séverine Vidal et Victor L.Pinel s’assoient à nos côtés et nous racontent l’histoire de cette tribu qui se réunit dans cette maison qui transpire l’esprit des ainés et le souffle des plus jeunes, mais ils se tournent aussi vers celle qui est au centre du récit, Julie, sa peine, ses souvenirs et cet enfant qui grandit en elle, héritière de son père disparu.

Dès les premières pages, on découvre la finesse de l’écriture, toute en retenue. Cette façon d’évoquer la mémoire d’une tribu qui veut surtout passer un bon moment, unie et heureuse de se retrouver. On apprend la raison de ces retrouvailles, un des oncles veut vendre ses parts de la maison, ce qui va certainement obliger le reste de la famille à tout revendre. Cette décision est prise comme une sorte de déchirure, l’obligation de laisser derrière soi une partie de cette histoire commune, comme si l’on brulait des vieux dessins d’enfants, en regardant les cendres s’envoler. Cependant, pour Julie, paradoxalement c’est aussi un déclencheur qui peut lui faire comprendre que son mari n’est vraiment plus là, qu’il faut peut-être passer, même douloureusement, à autre chose.
Il n’y a malgré tout pas de véritable conflit, en fait. L’intérêt de l’album ne vient pas dans les hypothétiques engueulades qu’on pourrait légitimement penser trouver, mais bien plus des diverses évocations qui émergent au fur et à mesure de la lecture. C’est une famille soudée, qui veut avancer et trouver des solutions. On s’attache à tout ce petit monde, peut-être même reconnait-on un oncle ou une cousine dans ces visages qui se penchent les uns sur autres, dans cet enfant qui vient s’asseoir sur les genoux d’une tante ou qui se concentre sur son château de sable… Une comédie familiale généreuse qui nous émeut, nous fait sourire ou simplement soupirer, le regard pensif.

Graphiquement, c’est du très beau travail, complètement en phase avec les ambiances du récit. Il y a tout ce qu’il faut en expression, en cadrages très adroits et en couleurs douces. Une très belle prestation.

Tous nos Étés nous offre une lecture qui fait du bien, qui donne envie de retrouver les nôtres, un verre à la main, de rigoler en repensant… en repensant à tous nos Étés ensemble…

Très conseillé.

Par FredGri, le 24 juin 2024

Publicité